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Economie

Surexploitation du chemin de fer : le train de « la mort » a encore déraillé

IMG Les responsables de Setrag et Comilog ferment les yeux devant ce marasme.

Prendre le train aujourd’hui c’est courir le risque d’être  victime d’un accident de déraillement. Si le Gabon a été préservé, jusqu’ici d’un accident mortel  pour les passagers, il ne demeure pas moins que le rythme des déraillement ne cesse de s’accroitre alors qu’Eramet/Comilog, société mère de la  Setrag,  continue à extraire et évacuer le manganèse.

 

Le lundi 16 septembre dernier,  la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag) a informé les usagers du déraillement d’un bogie du train marchandises n° 4460 survenu aux alentours de 4h 30 minutes, entre les  gares d’Otoumbi et d’Alembe. Précisément au point kilomètres 218+700.  Rien de nouveau dans une entreprise où les déraillements de trains sont devenus la norme.

 

Une demi-douzaine de déraillements et plus de 900 ruptures ou fissures de rails

Au cœur de cette énième catastrophe ferroviaire, une entreprise – toujours la même – le groupe français Eramet/Comilog. Lancée dans une vaste opération d’augmentation de sa production de manganèse, la multinationale française est à l’origine d’une série d’avaries plus ou moins graves subies par le chemin de fer gabonais. Rien que pour l’année 2022, pas moins d’une demi-douzaine de déraillements et plus de 900 ruptures ou fissures de rails.

 

Et pourtant la Setrag (Société d’exploitation du chemin de fer transgabonais), nous assure-t-on, dispose d’un Règlement général de Sécurité qui impose un tonnage limité par wagon et un équilibrage strict par essieu, afin de garantir une répartition correcte du poids par wagon. Mais tout cela, c’est de l’affichage marketing, car, en réalité, le groupe minéralier Eramet/Comilog n’en fait qu’à sa tête et au gré de ses intérêts. La preuve, cette déclaration, le 30 novembre 2023, de Leod Paul Batolo, le directeur général de la Comilog (succursale d’Eramet) : « Les défis à venir sont importants. 8 millions de tonnes est toujours notre cible pour 2023. Malgré les obstacles et les contraintes, notre mobilisation doit être entière pour atteindre cet objectif en toute sécurité et dans le respect de notre système de management intégré pour la qualité, l’environnement et l’énergie. Et dorénavant en appliquant nos standards Eramet Production System (EPS) ».

 

Le chemin de fer gabonais se retrouve à transporter 7 à 8 fois plus de minerai

 

Prévu pour écouler 1 million de tonnes, le chemin de fer gabonais se retrouve à transporter 7 à 8 fois plus de minerai. A cela, il faut ajouter les 4 millions de tonnes du manganèse produit par OLAM, sans oublier le bois des forestiers. Une question de survie pour Eramet. Mais le groupe français, à qui incombe pourtant la responsabilité d’entretien de la voie, n’a comme unique préoccupation que l’évacuation de son minerai. C’est ainsi qu’il s’est lancé, sans tarder, dans un gigantesque chantier de réhabilitation. Objectif : rétablir le trafic à la fin du mois de janvier. « Une véritable folie ! », disent certains. A juste titre d’ailleurs, car les projections les plus sérieuses évaluaient entre 8 et 10 mois minimum la durée des travaux.

 

Selon un expert ferroviaire consulté, il y a, avant toute chose, des questions basiques auxquelles il faut répondre pour bien appréhender la situation. Entre autres : combien de déraillements subis par an ? Quelles en sont les causes ? Qu'en disent les assureurs ?

 

Il y a urgence absolue à stopper tous les types les transports afin de réparer toutes ces défaillances

 

Pour l'expert, si vous dépassez 5 déraillements par an, c'est que vous avez des terrains en situation d'affaissement, des protocoles de chargements qui ne sont pas respectés et des problèmes d’entretien de la voie. Conclusion, il y a urgence absolue à stopper les transports, afin de réparer toutes ces défaillances.

 

Mais qui, pour imposer des mesures aussi drastiques à l’entreprise française ? On le sait tous, Eramet a face à lui un Etat faible, corrompu. Un Etat totalement en faillite. La multinationale française impose donc sa loi. Dans cette affaire, elle joue sa survie, car il ne faut pas oublier que pour Eramet, qui a enregistré une perte sèche de près de 450 milliards de Fcfa en 2020, le manganèse gabonais pèse pour plus de 60 % dans son chiffre d’affaires.

 

 

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