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Factures impayées des pharmacies : Sandrine Itou-Y-Maganga : " L’État ne paie pas"

IMG Sandrine Itou-Y-Maganga appelle l'Etat à régler sa dette auprès de la CNAMGS.

Au royaume de la santé gabonaise, la CNAMGS devait être le cœur battant de la solidarité nationale. Aujourd’hui, c’est plutôt un cœur en arrêt de paiement. Les assurés, eux, n’ont plus qu’à courir de pharmacie en pharmacie comme des pèlerins en quête du saint médicament.

 

Depuis des mois, les officines suffoquent, étranglées par près de 8 milliards de francs CFA de dettes. Pendant ce temps, dans les bureaux climatisés de la CNAMGS, on s’évente avec des parapheurs vides et on organise des « réunions de crise » qui accouchent d’un communiqué… et d’aucun franc. Comme dit un proverbe fang : « Le crocodile ne dit pas qu’il a soif tant qu’il est dans la rivière. » À la CNAMGS, ils sont au fond du marigot, mais ils trouvent encore le moyen de dire que tout va bien.

 

Les pharmaciens, eux, ont compris depuis longtemps que les promesses de la Caisse valent moins qu’un ticket de caisse. En janvier 2025, lassés de servir des médicaments à crédit à un État qui paye à l’année bissextile, ils ont coupé le robinet. Panique générale. L’affaire a fait tousser jusque dans les ministères. Et depuis ? Rien. Si ce n’est de nouvelles promesses, emballées dans le papier doré du mensonge institutionnel.

 

« L’État ne paie pas », lâche Sandrine Itou-Y-Maganga, présidente du Sypharga, dans L’Union du 27 octobre. Phrase simple, mais douloureuse comme une piqûre sans anesthésie. Car derrière cette vérité crue se cache une gestion de type “dépense d’abord, réfléchir ensuite”.

 

La CNAMGS, jadis fierté nationale, ressemble aujourd’hui à un vieux moulin sans eau. Les directeurs passent, les dettes restent. Les gestionnaires changent de costume, mais pas de méthode : on gère les milliards comme on brasse du vent. Certains parlent de cotisations disparues, d’autres d’un Fonds GEF aussi équilibré qu’un tabouret à deux pieds. Chez nous, dit-on, « quand la poule confie ses œufs au serpent, qu’elle ne s’étonne pas si le nid se vide. » Eh bien, la CNAMGS, c’est exactement ça : on a confié la santé publique à des comptables qui confondent budget et buffet.

 

Pendant ce temps, dans les hôpitaux, les malades deviennent philosophes. On leur dit « revenez demain », mais le médicament, lui, ne revient jamais. Certains cancers attendent plus longtemps queles décrets de nomination, et les diabétiques comptent leurs comprimés comme des lingots d’or.

 

L’État, lui, observe tout cela avec la sérénité du pyromane qui regarde brûler la case d’à côté. On promet des « plans de régularisation » aussi solides qu’une toile d’araignée sous la pluie. Les ministères s’échangent les responsabilités comme on se refile une patate brûlante. Et à la fin, c’est le citoyen qui trinque, avec de l’eau du robinet en guise de sirop. Un adage gabonais le dit bien : « Quand le chef mange le gombo chaud, c’est le village qui se brûle la langue. » Sauf qu’à la CNAMGS, ça fait longtemps que tout le village est en feu.

 

Alors, pendant que les administrateurs se félicitent de « la continuité du service », les assurés, eux, continuent de tirer le diable par la queue et parfois même sans queue à tirer. À ce rythme, la CNAMGS pourrait bientôt changer de nom : Caisse Nationale d’Absence de Moyens Généraux et de Souffrance Sociale.

 

Et quand viendra la prochaine suspension des prestations, début 2026, on entendra sans doute le même refrain ministériel : « Ce n’est pas notre faute, c’est la faute du système. » Oui, mais le système, c’est eux. Et au Gabon, on le sait bien : « Quand le poisson pourrit, ça commence toujours par la tête. »

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