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Fonction publique saturée : le tube gouvernemental ne passe plus !

IMG Le ministère de la Fonction à Libreville.

C’est devenu le tube gouvernemental de l’année et des dix précédentes : « La Fonction publique est saturée ! » Un refrain qu’on nous sert à toutes les sauces, sans jamais changer la mélodie. À croire que, dans certains ministères, la “saturation” est devenue une religion d’État : on y croit, on la prêche, on s’y réfugie pour ne rien faire.

 

Mais voilà que les nouveaux diplômés, cette génération qui a plus de Wi-Fi que de patience, n’en peut plus d’entendre ce disque rayé. Ils regardent les vieux ministres ressasser les mêmes excuses et se disent : « Si la Fonction publique est saturée, c’est sûrement de promesses creuses et de fiches de paie fantômes. »

 

Car soyons honnêtes : on ne parle pas d’une administration saturée, mais d’une administration parasitée. Au ministère de l’Éducation nationale, plus de 750 agents fictifs ont été repérés des noms sur papier, mais pas un corps en salle de classe. Des fonctionnaires invisibles, payés rubis sur l’ongle, pendant que les vrais enseignants, eux, jonglent entre 70 élèves, trois craies et un tableau fendu. Si ce n’est pas de la magie noire budgétaire, qu’on m’explique !

 

Et pendant qu’on crie à la “pléthore”, moins d’une centaine d’inspecteurs du Travail sont censés surveiller tout le secteur économique du pays. Autant dire que le Code du travail, chez nous, c’est un poème : tout le monde le site, personne ne l’applique.

 

Un vieux proverbe dit : « Quand le poisson pourrit, ce n’est jamais par la queue. » La vérité, c’est que la Fonction publique ne manque pas d’agents : elle manque de gestionnaires honnêtes, d’audits sérieux et d’un soupçon de courage politique. Mais au lieu de réparer la barque, on préfère accuser les passagers d’être trop nombreux.

 

Les jeunes diplômés, eux, n’y croient plus. Ils en ont marre d’entendre que “le bateau est plein”, alors qu’il y a encore des sièges occupés par des sacs de riz, des dossiers poussiéreux et des “agents dormants” depuis 1998. L’un d’eux me confiait : « Si la Fonction publique est saturée, qu’ils commencent par vider les tiroirs à fantômes avant de nous fermer la porte au nez ! »

 

Mais comment vider un marigot quand ceux qui y nagent sont les mêmes qui prétendent le nettoyer ? À Libreville, certains ministères ressemblent à des sanctuaires de l’oisiveté, où l’on célèbre la paresse administrative comme un art ancestral. On signe, on tamponne, on s’étire et à midi, on déclare la journée finie.

 

Et pourtant, dans les hôpitaux, il manque des infirmiers ; dans les écoles, des enseignants ; dans les services techniques, des ingénieurs. Mais pour les autorités, tout va bien : “la Fonction publique est saturée”, disent-ils, la bouche pleine… de justificatifs. Un proverbe punu résume bien la situation : « Quand le singe ferme les yeux, il croit que la forêt a disparu. » Le gouvernement ferme les yeux sur le désordre, et pense que le problème n’existe plus.

 

Alors, pendant qu’on continue de chanter ce refrain poussiéreux, les jeunes regardent ailleurs. Ils partent, ils créent, ou ils survivent dans l’informel pendant que la haute administration continue de ronfler sur ses dossiers vides. Mais qu’on se le dise : la vraie saturation, au Gabon, ce n’est pas celle des effectifs. C’est celle des mensonges. Et à force de gonfler le ballon, il finira bien par éclater.

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