À quelques pas du plus grand marché de Libreville, se dresse une maison que tout Gabonais aurait pu croire intouchable. Non, il ne s’agit pas d’une simple bâtisse, mais de la résidence du premier président du Gabon, Léon Mba. Cette demeure historique, symbole de notre indépendance, se retrouve aujourd’hui dans les pages des petites annonces, prête à changer de mains. Et pour l’acquérir ? Un promotteur immobilier aurait déboursé 325 millions de francs CFA. Théophile Mba Andème, petit-fils Léon Mba, aurait-il le droit de vendre ce bien? Les dessous de l'affaire.
Feu le Président Léon Mba Minko, soucieux de léguer un bien immobilier à sa première fille feue Agonès Nyaré Nkoghé, lui avait cédé la partie annexe de sa résidence. Afin d'éviter tout amalgame, la parcelle fut donc scindée en deux. A son tour, feue Agnès en fit une cession à son fils Théophile Mba Andème, avec tous les documents à l'appui. Lorsque sa cadette Béatrice Mbie Menguire (fille du second fils de Léon Mba Minko, Léon Menguire Mba ndlr) demanda à sa tante Agnès encore en vie de lui donner l'autorisation d'habiter cette annexe, elle lui demanda de se rapprocher de Mba Andème qui en est le propriétaire. Ce qu'elle fit. Sauf que le propriétaire lui opposa un refus catégorique.
Béatrice insista, au point de faire intervenir sa belle-soeur Christiane Bithougat. À son épouse, Cri-Cri, le Bibi de Bithougat répondit qu'en laissant sa cadette s'installer dans cette annexe, tôt ou tard, cela engendrerait des problèmes dans la famille. Et nous y sommes!
C'est en voulant récupérer son bien immobilier pour en avoir la pleine jouissance ou en faire ce que bon lui semble que le Bibi de Bithougat se retrouva devant la résistance et le refus de sa cadette de quitter les lieux.
Le tribunal a dit le droit en faveur du requérant Theo
Las de se faire narguer par sa cadette alors qu'il souhaitait qu'elle s'en aille dans le calme, Mba Andème saisit alors le tribunal de première instance de Libreville, à l'effet d'ordonner l'expulsion de dame Béatrice Mbie Menguire de son bien immobilier. Au vu des documents fournis par le requérant Théo dans sa plainte, et vidant sa saisine par ordonnance de référé, en date du 28 septembre 2023, le tribunal a dit le droit en faveur du requérant Theo : " ( ...) Statuant par ordonnance contradictoire à l'endroit de sieur Théophile Mba Andème et par réputé contradictoire à l'égard de dame Mbie Menguire Béatrice et en premier ressort, tous droits et intérêts des parties étant préservés quant au fond, mais dès à présent, vu l'urgence, ordonnons l'expulsion de dame Mbie Menguire Béatrice de la maison de sieur MBA Andème Théophile : ordonnons l'exécution provisoire de la présente décision sur minute et avant enregistrement"
Et comme Théo aime « l'oseille », dans sa requête, il a émis le vœu que le tribunal fasse aussi droit à sa prétention de se faire payer tout retard d'astreinte de l'occupante illégale de sa maison. Ce à quoi le tribunal a dit en ces termes : " Déboutons soeur Mba Andème Théophile de sa demande d'astreinte".
C'est en principe depuis le 28 septembre 2023 que cette décision de justice devait être exécutoire. Mais étant donné qu'il fallait attendre que le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité appose son précieux paraphe sur la demande de réquisition de la force publique aux fins d'aller expulser dame Mbie Menguire Béatrice, cette demande qui est restée à l'avenue de Cointet, un an, un mois et quatre jours n'a pu prospérer qu'au début du mois en cours.
C'est pourquoi, le 4 novembre, une douzaine de flics accompagnés par l'huissier instrumentaire Me Mhintcho Soufiano - toujours lui- et ses deux clercs sont descendus au carrefour Léon Mba à l'effet d'expulser damé Mbia Menduire Béatrice de la maison du Bibi de Bithougat.
Le tribunal a donné la possibilité à la partie défenderesse de se pourvoir quant au fond, même si l'huissier de justice a été prié par le nouveau procureur d'arrêter l'exécution de la décision pourtant ordonnée par le tribunal.
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