Le pouvoir militaire malien affirme que ce ressortissant travaille pour le "service de renseignement français". Paris rejette des '"accusations sans fondement".
Avec France Infos
Il est accusé d'avoir participé à une tentative de déstabilisation des institutions. La junte militaire au pouvoir au Mali a annoncé, jeudi 14 août, avoir arrêté un Français, en marge d'une vaste opération de purge de l'armée. Le ministère des Affaires étrangères français a dénoncé samedi des"accusations sans fondement" et souhaite obtenir la libération de son ressortissant. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de son arrestation.
Qui est le Français arrêté ?
Le pouvoir malien a diffusé la photo du citoyen français arrêté, en le présentant sous le nom de Yann Vezilier, rapportent plusieurs médias, dont la BBC. Ce quinquagénaire est employé de l'ambassade de France à Bamako, capitale du pays, précise de son côté le ministère des Affaires étrangères, qui n'a pas confirmé son identité. Selon RFI, les autorités françaises assurent que ce ressortissant est "dûment accrédité".
Que lui reproche-t-on ?
Les autorités maliennes ont affirmé jeudi que l'homme arrêté travaillait pour le "service de renseignement français". Dans un même communiqué lu à la télévision nationale, la junte au pouvoir au Mali a accusé des "Etats étrangers" d'être derrière une tentative de déstabilisation, menée par "un groupuscule d'éléments marginaux des forces armées de sécurité malienne" qui souhaite "déstabiliser les institutions de la République".
Ces accusations ont conduit à une vaste opération de purge de l'armée, ayant mené notamment à l'arrestation d'au moins 55 militaires, tous accusés de vouloir renverser le pouvoir. Deux généraux ont été également interpellés, Nema Sagara et Abass Dembélé. Ce dernier est une figure très respectée au sein de l'armée. "Les enquêtes judiciaires se poursuivent pour identifier d'éventuels complices", précise le gouvernement.
Comment réagit la France ?
Le Français arrêté fait l'objet d'"accusations sans fondement", a assuré samedi Paris. "Un dialogue est en cours [avec les autorités maliennes] afin de dissiper tout malentendu" et d'obtenir sa "libération sans délai". Le ministère des Affaires étrangères souligne qu'il bénéficie du "statut de la convention de Vienne régissant les relations diplomatiques", et demande sa libération "en application de cette convention".
L'ambassade de France au Mali, dans un message adressé aux citoyens français sur place et consulté par l'AFP, appelle à la prudence. Elle demande notamment à ses ressortissants de se tenir "à l'écart d'éventuels rassemblements".
Quel est le contexte politique au Mali ?
Ces dernières années, le Mali a été le théâtre de plusieurs soubresauts politiques. Le pays d'Afrique de l'Ouest est dirigé par des militaires souverainistes, qui imposent des restrictions sévères des libertés, dans un contexte de violences jihadistes meurtrières.
Début août, l'ancien Premier ministre du Mali Choguel Kokalla Maïga, ainsi que plusieurs de ses anciens collaborateurs, ont été placés en garde à vue dans "le cadre des enquêtes sur leur gestion à la Primature". Cet ancien poids lourd de la junte avait été nommé à la tête du gouvernement en 2021, puis limogé fin 2024, après avoir émis des critiques contre les généraux.
La junte dirigée par le président Assimi Goïta, arrivée au pouvoir après deux coups d'Etat en 2020 et 2021, s'est par ailleurs détournée des partenaires occidentaux, notamment l'ancien colonisateur français, pour se rapprocher politiquement et militairement de la Russie. L'armée malienne et ses alliés, les mercenaires russes d'Africa Corps, chargés de traquer les jihadistes, sont régulièrement accusés de commettre des exactions contre des civils.
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