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Economie

Fabrice Bongo : Un patron invisible, une gestion en pilotage automatique, un limogeage salué par la clameur populaire

IMG Fabrice Andjoua viré de la tête de la DGCCRF.

Il croyait pouvoir incarner la nouvelle ère de la Transition, mais n’aura finalement été qu’un rappel grinçant des vieilles pratiques de la République des héritiers. Fabrice Andjoua Bongo Ondimba, nommé à la tête de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) en septembre 2023, a été officiellement limogé lors du Conseil des ministres du 8 septembre 2025.

 

Un départ qui ressemble à une sanction politique, mais surtout à un aveu embarrassant : la Transition a, un temps, toléré un directeur général dirigeant son administration depuis… Dubaï. Un télétravail de luxe, payé par l’argent public, et qui aurait pu passer pour une farce si la colère sociale ne l’avait pas transformée en bras de fer.

 

Une contestation devenue insoutenable

Depuis juillet, les agents de la DGCCRF, regroupés au sein du SAACCRF, avaient déclenché une grève illimitée. Motif ? Un patron invisible, une gestion en pilotage automatique, et une administration transformée en coquille vide. Mais derrière l’image d’un DG fantôme, les accusations étaient plus lourdes : absence de régularisation des carrières, primes bloquées, décote salariale de 30 % toujours appliquée, et un climat social délétère. Autant dire que Fabrice Bongo incarnait tout ce que la Transition prétendait combattre : la déconnexion totale entre une élite politico-administrative et le quotidien des agents.

 

Le symbole d’un héritage embarrassant

Fils d’Omar Bongo et de Marie-Madeleine Mborantsuo, demi-frère d’Ali Bongo, Fabrice représentait encore l’ombre portée du régime déchu. En le nommant en 2023, les nouvelles autorités avaient sans doute voulu afficher une forme de continuité « apaisée ». Mais deux ans plus tard, son renvoi sonne comme un désaveu : tolérer un « DG à distance », c’est admettre que la Transition n’a pas vraiment rompu avec les réflexes de la vieille garde.

 

Une correction politique

En confiant désormais la DGCCRF à Élise Emmanuelle Ntsame Obame, le gouvernement tente de tourner la page et de restaurer un semblant de crédibilité dans une institution clé de la régulation économique. Mais le mal est fait : l’opinion retient surtout que, sous Oligui Nguema, certains enfants de l’ancien régime ont encore pu bénéficier de la mansuétude de l’État, jusqu’à ce que la grogne populaire les rattrape.

 

La Transition a tranché, certes, mais après deux mois de grève, une économie déjà fragile secouée et un service public paralysé. On peut donc en rire jaune : il aura fallu que les agents descendent dans l’arène pour rappeler au gouvernement qu’un poste de direction ne se gère pas par visioconférence depuis une suite d’hôtel émiratie.

 

En politique, les symboles comptent. Celui-ci envoie un message clair : si l’ère des Bongo n’est plus au palais, elle continue de hanter les couloirs de l’administration. La chute de Fabrice Andjoua Bongo n’est pas seulement une sanction individuelle ; c’est le révélateur d’une Transition qui vacille encore entre rupture et nostalgie de l’ancien système.

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