Dans une allocution vibrante et largement partagée sur les réseaux sociaux, Pamphile Ossaloyika Yanga, président du Mouvement Panafricain du Gabon (MPG), a lancé un appel audacieux au président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema. Son message, teinté de panafricanisme radical, exhorte le Gabon à rejoindre l’Alliance des États du Sahel (AES), perçue comme un bastion de résistance face à l’impérialisme, particulièrement français.
Pamphile Ossaloyika Yanga n’y est pas allé de main morte. Évoquant des figures historiques comme Thomas Sankara et saluant les dirigeants actuels du Mali (Assimi Goïta), du Burkina Faso (Ibrahim Traoré) et du Niger (Abdourahamane Tchiani), il a dressé un portrait flatteur de l’AES. Selon lui, cette coalition incarne la renaissance africaine, capable de "conduire le continent vers une aurore merveilleuse".
Dans un discours chargé d’émotions et de références historiques, le leader panafricaniste a également exprimé son admiration pour des figures controversées comme Vladimir Poutine et des militants panafricanistes tels que Kémi Séba et Nathalie Yamb, les qualifiant de "combattants de l’affranchissement des peuples africains".
Un appel pressant au Gabon : entre rupture et opportunisme
Le cœur du discours réside dans un appel direct aux autorités gabonaises. Ossaloyika Yanga exhorte le Gabon à rompre définitivement avec ses "atermoiements" vis-à-vis de la France, qu’il décrit comme "en agonie". À ses yeux, le pays doit s’inscrire dans une dynamique de rupture radicale pour affirmer sa souveraineté et protéger ses ressources des "convoitises gargantuesques". "Le vent de la libération souffle sur le continent", a-t-il martelé, en invitant le Gabon à suivre l’exemple des pays membres de l’AES.
Une vision idéalisée, mais à quel prix ?
Si le discours se veut inspirant, il pose toutefois des questions cruciales. Le panafricanisme militant proposé par Ossaloyika Yanga peut-il réellement offrir une alternative viable aux défis économiques, politiques et sociaux du Gabon ? Le pays, bien que riche en ressources naturelles, reste marqué par une dépendance structurelle vis-à-vis des puissances occidentales, notamment la France.
Rejoindre l’AES serait un choix hautement symbolique, mais risqué. Les sanctions économiques et diplomatiques imposées à ses membres montrent que l’émancipation de l’impérialisme ne se fait pas sans coûts. Le Gabon, en pleine transition politique, peut-il se permettre une telle démarche alors que le tissu social et économique demeure fragile ?
Entre opportunisme politique et véritable vision panafricaine
Pamphile Ossaloyika Yanga offre une rhétorique séduisante, mais l’opportunité politique de ses déclarations suscite des interrogations. En effet, l’appel à Oligui Nguema pourrait être interprété comme une tentative de légitimer une posture panafricaniste tout en instrumentalisant les figures de l’AES pour un agenda politique interne.
Le véritable enjeu pour le Gabon semble être de trouver un équilibre : affirmer une souveraineté nationale sans se heurter à des réalités géopolitiques et économiques complexes. La transition en cours offre une fenêtre pour redéfinir la place du Gabon dans le concert des nations, mais cela exige une vision pragmatique et non uniquement symbolique.
Un avenir incertain
Alors que le panafricanisme gagne du terrain sur le continent, les dirigeants gabonais devront décider si le pays est prêt à suivre cette vague ou à maintenir une position intermédiaire. Le discours d’Ossaloyika Yanga, bien que captivant, met en lumière les dilemmes profonds auxquels le Gabon est confronté : rester dans le giron des anciens partenaires ou embrasser une rupture risquée mais potentiellement porteuse d’espoir. L’histoire jugera si ces appels seront entendus. Mais pour l’instant, la question demeure : le Gabon est-il prêt à franchir le pas ?
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