IMG-LOGO
Accueil Article Désormais à la tête de sa formation politique : Bilie-By-Nze veut apparaître comme un homme neuf !
Politique

Désormais à la tête de sa formation politique : Bilie-By-Nze veut apparaître comme un homme neuf !

IMG Alain Claude Bilie-By-Nze président du parti politique "Ensemble pour le Gabon"

Il aurait pu se faire oublier, profiter d’un silence stratégique après l’échec cuisant du 12 avril dernier. Mais non. Alain-Claude Bilie-By-Nze a choisi de reprendre la parole. Et comme souvent chez les politiques, les mots sont soigneusement pesés, calibrés, habillés d’ambition. L’ancien Premier ministre a donc annoncé la création imminente de son propre parti politique, joliment baptisé "Ensemble pour le Gabon". Un nom consensuel, rassembleur, presque poétique… qui dissimule mal une tentative de recyclage politique à peine déguisée.

 

Tourner la page ? Oui, mais laquelle ?

"Tourner la page de la présidentielle", dit-il. Mais de quelle page s’agit-il ? Celle de sa rupture tardive avec le PDG, parti qu’il a loyalement servi pendant plus de deux décennies ? Celle de son soutien mutique mais réel à des systèmes qu’il qualifie aujourd’hui d’injustes et d’exclusifs ? Ou celle, plus embarrassante, du score obtenu lors de la dernière présidentielle, dont il "mesure la portée" une formule vague pour éviter de parler d’échec ?

Ce discours, aux accents messianiques, contient tout le vocabulaire classique du survivant politique : "nouvel engagement", "idéal", "aspirations", "vérité des crises", "Commission vérité, justice, réparation et réconciliation"... En clair : des mots, encore des mots, toujours des mots.

 

Un nouveau parti, mais pour quoi faire ?

Le lancement d’un énième parti politique au Gabon, c’est un peu comme peindre une nouvelle couche sur un mur déjà fissuré : ça brille un temps, puis ça s’écaille. Avec "Ensemble pour le Gabon", Bilie-By-Nze espère visiblement créer une alternative crédible. Mais à quoi, et surtout à qui ? S’il s’agit de concurrencer les formations d’opposition existantes, cela risque de renforcer la dispersion déjà chronique des voix contestataires. S’il s’agit de bâtir un pont vers un futur pouvoir, il faudra alors expliquer pourquoi on commence par nier toute "discussion" avec le camp présidentiel actuel. Trop d’énergie à démentir, c’est souvent le signe qu’il y a quelque chose à cacher.

Minima sociaux, mémoire courte

Autre perle de ce discours : les "minima sociaux" que son projet politique entend défendre, pour les Gabonais "laissés sur le bord de la route". Intention noble, certes. Mais difficile d’oublier qu’en tant que ministre, porte-parole du gouvernement puis chef du gouvernement lui-même, il fut l’un des architectes d’un modèle qui a précisément conduit à ces fameuses "exclusions". De la compassion tardive au syndrome du pompier pyromane, il n’y a qu’un pas.

 

La stratégie du dernier mot

Enfin, à ceux qui le soupçonnent de vouloir négocier un strapontin dans la maison d’en face, il répond avec fermeté : "Je ne suis en discussion avec personne". On veut bien le croire. Mais à Libreville, les démentis véhéments sont souvent les préfaces des accords secrets. Et le "non" d’aujourd’hui peut très vite devenir le "peut-être" de demain.

 

Résurrection politique ou chant du cygne ?

Bilie-By-Nze veut apparaître comme un homme neuf, libéré, guidé par l’intérêt supérieur de la nation. Mais son initiative a le goût d’un recyclage de convictions, un lifting discursif sur fond de calculs électoraux. L’homme est intelligent, fin stratège, et sait manier les symboles. Reste à savoir si les Gabonais, eux, seront prêts à suivre une énième promesse de rupture venue d’un visage familier de l’ancien régime. Et pendant ce temps, le vrai changement, lui, attend toujours son acte fondateur.

Partagez:

0 Commentaires


Postez un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires