Incarcéré depuis 2020 à la prison centrale de Libreville pour malversations financières, dans le cadre de l’opération Scorpion, Bruno Minko Mi Ngoua, l’ex-Directeur général de la Sogatra a écopé, le 28 mai dernier, d’une condamnation de 10 ans de prison, dont 4 ans et six mois ferme et de 5 ans et 4 mois de sursis. Au cours de son procès, il s’est abstenu de citer les noms des personnalités qui ont utilisé les deux milliards de FCFA prévus pour le paiement des salaires. Tout comme le ministère public et l’Agence judiciaire de l’Etat ont révélé que cette entité, qui peine à sortir du coma, est une vache à lait pour certains.
La situation de la Sogatra est le résultat de la gabegie financière orchestrée par les personnalités nommées aux postes de responsabilités avec la complicité des membres du gouvernement. Des directeurs généraux, des ministres, et même des hauts cadres de l’administration se sont servis au lieu de servir. Le procès de son ex-directeur général Bruno Minko Ngoua n’a fait que confirmer ce que l’opinion soupçonnait déjà.
Poursuivi dans le cadre de l’opération Scorpion, il était poursuivi pour les faits de détournement de fonds publics. Les magistrats de la session criminelle spécialisée ont cherché à savoir comment il a utilisé les 2,5 milliards de FCFA sortis du Trésor public pour le paiement de 7 mois de salaires du personnel. S’il a reconnu être responsable de sa gestion, il a nié en bloc être l’auteur du détournement de l’enveloppe devant servir au paiement des salaires. « Sogatra est un gouffre à sous où certains venaient se servir. C’était une vache à lait pour de nombreux dirigeants », déclare un agent de cette entité.
Un Conseil d’administration annulé à trois reprises
Ayant trouvé la Sogatra dans une situation délicate, l’ex-DG affirme avoir commandité un audit pour connaître les raisons et les auteurs de cette gabegie et, dans une certaine mesure, trouver des solutions de sortie de crise. Alors qu’il s’apprêtait à présenter ce rapport en Conseil d'administration, le Ministre des Transports de l’époque, un certain Léon Armel Bounda Balonzi, avait interdit la tenue de cette rencontre. Ce, à trois reprises. « Il exigeait qu’on puisse enlever les points sur les détournements avant de me menacer de démettre de mes fonctions, vu que je tenais coûte que coûte à organiser ces travaux », a déclaré Minko Ngoua.
Aloïse Ntoutoume épinglé ?
Dans leurs enquêtes, le ministère public et l’agence judiciaire de l’Etat ont, en outre, constaté des mouvements d’argent tous les mois, soit 2.5 millions de franc CFA, qui étaient régulièrement reversés au Secrétaire général du ministère des Transports de l’époque, un certain Aloïse Ntoutoume.
Tout comme le ministère public a relevé que les frais de mission d’Aloïse Ntoutoume étaient payés par la Sogatra. Des faits confirmés par Bruno Minko Mi Ngoua. Pour l’ex-DG de la Sogatra, ce système avait été mis en place avant son arrivée à la tête de la structure. Ce n’est pas étonnant, quand on sait que l’ancien SG du ministère profitait de sa position d’influence pour faire nommer des responsables d’entité à sa solde.
Au regard des révélations aussi graves, la justice ne peut pas se contenter de la condamnation de l’ex-DG de la Sogratra. Toutes les personnes qui ont participé à piller la Sogatra doivent répondre de leurs actes.
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