Le Docteur Wenceslas Yaba lors de sa déclaration.
L'affaire du COVID au Gabon suscite de nombreuses réflexions, notamment face à l'émergence d'une vidéo virale publiée par un médecin qui, étonnamment, n'a ni l'autorité, ni les compétences, ni les missions requises pour faire de telles annonces. Ce phénomène soulève plusieurs questions sur la hiérarchie, la compétence et l'intégrité des communications au sein des institutions sanitaires.
Premièrement, il est essentiel de rappeler que la République repose sur une structure claire où les rôles et les responsabilités sont bien définis. Dans le cadre des politiques publiques, le ministre de la Santé, au sein du Gouvernement, détient la prérogative d’informer le public sur les questions liées à la santé. Or, la diffusion d'informations par un individu non autorisé, comme en l'occurrence le médecin en question, constitue une usurpation de rôle qui peut fausser la perception de la situation sanitaire et créer une confusion parmi la population.
Ensuite, cette situation met en lumière la question cruciale de la compétence. La responsabilité d’informer le public sur les questions de santé publique ne doit pas être prise à la légère. En effet, il ne suffit pas d'être un professionnel de la santé pour communiquer efficacement, encore faut-il comprendre les implications de ses déclarations et avoir reçu des instructions claires de la hiérarchie. Le fait qu’un médecin prenne la parole sans mandat relève d’une incompréhension des attributions qui lui incombent, ce qui soulève des inquiétudes quant à la formation et à la sensibilisation à la gestion des crises sanitaires.
Par ailleurs, la viralité de cette vidéo témoigne d'un problème plus large, celui de la circulation de l'information dans l’ère numérique. Dans un contexte où les réseaux sociaux jouent un rôle prépondérant, la désinformation peut rapidement se répandre, souvent sans mécanisme de vérification fiable. Cela soulève la nécessité de renforcer les canaux de communication officiels et d’assurer un cadre d’information transparent et cohérent pour le public. Les autorités doivent prendre conscience de l'impact d'une communication non maîtrisée et agir pour contrer les fausses informations avant qu'elles ne prennent une ampleur considérable.
Enfin, ce cas appelle à une réflexion sur la responsabilité collective au sein des institutions publiques. La hiérarchie administrative doit veiller à ce que chaque acteur soit conscient de ses missions et puisse s'exprimer dans le cadre de celles-ci. À ce titre, le récent procès de la "Young Team" illustre les dangers d'une gouvernance laxiste où les personnes non qualifiées peuvent prétendre agir dans des domaines qui leur échappent totalement. Dans ces conditions, la question de la responsabilité devient cruciale : qui est réellement responsable lorsque des annonces mensongères compromettent la santé publique ?
En conclusion, l’affaire du Dr annonçant un nouveau variant de COVID au Gabon illustre des lacunes majeures dans la communication sanitaire, la compétence des individus dans leurs rôles, et la nécessité d'un cadre clair de gouvernance. Cela soulève des défis importants pour les institutions, qui doivent non seulement s'assurer de la compétence des individus qu'elles emploient, mais aussi garantir une communication efficace et vérifiée. Pour renforcer la confiance du public, il est impératif d’adopter des pratiques de communication rigoureuses et d’instaurer une culture de responsabilité au sein des administrations publiques.
Par Étienne Makoungou
Penseur libre de Lowa
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