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Africa N°1 : on a réhabilité l'infrastructure, mais on a oublié les agents toujours plongés dans la misère !

IMG Le siège réhabilité d'Africa n°1.

Africa N°1, la mythique radio panafricaine, est de retour ! Enfin… du moins, sa fréquence. Parce que pour le reste, c’est un peu comme un vieux moteur de taxi à Libreville : ça démarre, mais on ne sait pas combien de temps ça tiendra avant la prochaine panne. Grâce à la grande volonté présidentielle ce carburant magique capable de tout réparer, sauf les salaires des anciens employés le siège social de la radio renaît de ses cendres. Peinture neuve, antenne rutilante, discours triomphants : bref, tout ce qu’il faut pour la photo officielle et la vidéo du JT.

 

Mais derrière les spots lumineux, il y a des ombres longues, très longues. Celles d’hommes et de femmes qui ont passé leur vie à faire parler l’Afrique au micro, avant de finir dans le silence total… et pour certains, dans le cimetière du personnel oublié.

 

Pendant que la « Voix de l’Afrique » reprend timidement sur 94.5 FM, les anciens techniciens et journalistes, eux, captent toujours la même fréquence : FM Misère. Des années d’arriérés, de promesses creuses et de lettres mortes. Certains sont partis sans indemnité, d’autres sans illusion, et quelques-uns sans même un dernier bulletin de salaire à glisser dans le cercueil.

 

À croire qu’à Africa N°1, on a confondu silence radio et silence administratif. Les plus chanceux ont simplement pris leur retraite, avec pour seul souvenir la gloire passée d’avoir fait vibrer un continent. Les autres ont vu leurs familles éclatées par la précarité : les factures, elles, n’ont jamais fait grève. Comme le dit un vieux proverbe gabonais : « Quand la bouche n’a plus de salaire, c’est le ventre qui fait la grève. »

 

Aujourd’hui, les autorités célèbrent la réhabilitation du siège comme un exploit national, oubliant qu’il aurait peut-être fallu réhabiliter d’abord la dignité humaine. Mais au pays du verbe magique, la peinture vaut toujours plus cher que la mémoire. On parle de « renaissance d’un fleuron médiatique », mais à y regarder de près, ça ressemble surtout à l’embaumement d’un cadavre qu’on maquille pour les caméras. Une belle façade pour cacher un cimetière social.

 

Et pourtant, le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, sincère dans sa volonté de redonner vie aux institutions, ferait œuvre de justice en ouvrant aussi le dossier des oubliés d’Africa N°1. Parce que redonner une voix à la radio sans rendre justice à ceux qui l’ont portée, c’est un peu comme faire jouer un orchestre sans payer les musiciens : la mélodie finit toujours par sonner faux. À Africa N°1, on a rallumé le micro, mais on n’a pas encore éteint l’injustice. Et si la radio veut redevenir « la Voix de l’Afrique », il serait temps qu’elle commence par écouter les siens. Car, comme le dit un autre proverbe du coin : « Ce n’est pas parce que le tam-tam recommence à sonner qu’on a oublié ceux qui l’ont sculpté. »

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