Dans la nuit du 13 au 14 décembre 2024, une vaste opération de la Gendarmerie nationale a conduit à l’interpellation de 154 individus dans le Grand Libreville pour diverses infractions, dont la violation du couvre-feu, le trafic de stupéfiants et des braquages. Si cette action vise à rétablir l’ordre dans des quartiers gangrenés par l’insécurité, elle est aujourd’hui entachée par des accusations de traitements dégradants.
Des faits troublants : le rasage forcé en question
Selon plusieurs témoignages et images diffusées sur les réseaux sociaux, certains des individus arrêtés ont été soumis à des pratiques humiliantes, notamment le rasage forcé des cheveux. Une action dénoncée par le Copil Citoyen, qui y voit une violation flagrante des droits fondamentaux protégés par les textes nationaux et internationaux.
L’article 1er de la Constitution gabonaise stipule que "chaque citoyen a droit au respect de sa dignité et à l’intégrité de sa personne." De surcroît, l’article 208 du Code pénal gabonais criminalise tout acte portant atteinte à l’intégrité physique ou morale d’une personne. Ces dispositions, en lien avec les engagements internationaux du Gabon, notamment la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, rappellent l’obligation des autorités à agir dans le respect de la dignité humaine, même en cas d’infractions avérées.
Des actes contraires à la mission des forces de sécurité ?
Si la Gendarmerie nationale a, dans un communiqué, justifié ces arrestations par la nécessité de lutter contre une insécurité croissante, les méthodes employées soulèvent de nombreuses questions. Comment expliquer que les forces de défense, garantes de la protection des citoyens, recourt à des pratiques susceptibles d’être qualifiées de traitements inhumains et dégradants ?
Au-delà des principes juridiques, ces actes alimentent un sentiment de défiance vis-à-vis des institutions. Le Copil Citoyen, dans une déclaration ferme, a exigé l’ouverture d’une enquête indépendante pour faire la lumière sur ces allégations et déterminer les responsabilités. Selon l’organisation, "ces pratiques rappellent que la justice ne doit jamais céder la place à l’humiliation publique, quelles que soient les infractions reprochées."
Cette affaire n’est pas la première à mettre en cause les forces de défense et de sécurité pour des comportements jugés excessifs. De nombreuses interpellations, souvent accompagnées de violence, font régulièrement polémique au Gabon. Pourtant, aucune réforme structurelle ou mesure disciplinaire notable n’a été mise en place pour y remédier.
L’État gabonais, en tant que signataire de nombreux instruments internationaux de protection des droits humains, a l’obligation de garantir des pratiques conformes à la loi. Toute action contraire expose le Gabon à des critiques internationales et, potentiellement, à des poursuites devant des juridictions compétentes.
Cette situation met en exergue la nécessité d’une réforme profonde des forces de sécurité. D’une part, une formation renforcée sur le respect des droits humains et des lois nationales est indispensable. D’autre part, des mécanismes de contrôle et de sanction devraient être instaurés pour prévenir et punir les abus.
Dans un État de droit, la lutte contre la criminalité ne peut justifier des atteintes aux principes fondamentaux inscrits dans la Constitution et les lois en vigueur. Le respect des droits humains ne devrait jamais être considéré comme un obstacle, mais plutôt comme un socle pour une gouvernance juste et crédible.
Rétablir la confiance par la transparence
Les autorités gabonaises doivent rapidement répondre aux inquiétudes soulevées par cette affaire, sous peine d’aggraver le fossé entre les citoyens et les institutions. Une enquête indépendante et des sanctions exemplaires, si les faits sont avérés, s’imposent pour rétablir la confiance. Le combat pour la sécurité et l’ordre public ne doit jamais se faire au détriment de la dignité humaine, car un État fort est avant tout un État juste.
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