Ce 18 décembre 2024, avec faste et sous les caméras, la Banque pour le Commerce et l’Entrepreneuriat du Gabon (BCEG) a été inaugurée par S.E. Brice Clotaire Oligui Nguema, promettant monts et merveilles aux PME-PMI et jeunes entrepreneurs. Derrière les sourires éclatants et les rubans coupés, une question demeure : la BCEG sera-t-elle un moteur économique ou un projet ambitieux voué à enrichir quelques-uns et à désillusionner le reste ?
D’après les responsables de la BCEG, cette nouvelle structure viendra pallier les lacunes criantes du système bancaire gabonais en offrant des financements « adaptés » à des taux qui ne mettront pas les entrepreneurs sur la paille avant même qu’ils ne plantent un clou. Promesse séduisante, surtout pour les jeunes qui, jusqu’ici, se heurtaient aux portes blindées des banques classiques, aux conditions d’accès démesurées et aux taux d’intérêt dignes d’un roman d’épouvante.
Mais derrière ce langage fleuri, une question s’impose : qu’est-ce qu’une « solution de financement adaptée » dans un pays où les start-up ne dépassent pas toujours leur première année de vie ? Et surtout, comment espérer survivre économiquement quand la principale garantie pour un prêt reste… l’espoir ?
Le Gabon, terre des banques éphémères
Le Gabon n’en est pas à son coup d’essai en matière de créations bancaires. Il suffit de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur pour voir les carcasses des institutions financières passées. Banques ouvertes à grand renfort de communication, elles se sont effondrées, emportées par des pratiques douteuses, des gestions hasardeuses et, parfois, par des dirigeants qui avaient confondu « trésorerie » avec « tirelire personnelle ». Pourquoi la BCEG serait-elle différente ? Peut-être parce que cette fois, on y croit vraiment (ou on fait semblant). Ou peut-être parce qu’aucun Gabonais ne veut réellement voir une autre institution rejoindre le cimetière des projets bancaires morts-nés.
Lors de la cérémonie, l’enthousiasme était palpable. Mais le discours officiel, lui, était aussi précis qu’un brouillard en pleine nuit. Quels projets seront éligibles ? À quel taux seront accordés les prêts ? Les entrepreneurs devront-ils vendre un rein pour bénéficier d’un financement ? À toutes ces questions, pas de réponse.
On nous dit que « tout est prévu » et que « toutes les autorisations sont obtenues ». Des phrases qui sonnent bien, mais qui, dans la réalité gabonaise, rappellent surtout des refrains déjà entendus avant des débâcles.
La BCEG : un eldorado pour qui ?
La BCEG se targue de vouloir soutenir les jeunes entrepreneurs. Mais soyons réalistes : combien de ces jeunes auront accès à ce nouvel « eldorado » ? Sans garanties solides, sans réseau d’influence ou sans le bon parrain, combien pourront réellement bénéficier des largesses de cette nouvelle banque?
Et si, derrière les ambitions affichées, la BCEG devenait simplement un nouveau repaire pour ceux qui savent manier le piston mieux que le plan d’affaires ?
L’avenir en suspens
Au final, la BCEG est une idée ambitieuse dans un pays qui en a désespérément besoin. Mais les Gabonais, déjà échaudés par de nombreuses initiatives bancaires avortées, resteront sceptiques tant qu’ils ne verront pas des résultats concrets.
Le Gabon n’a pas besoin d’une banque supplémentaire pour « accompagner » ses entrepreneurs sur le papier. Il a besoin d’une institution qui prouve, par des actions transparentes et une gestion exemplaire, qu’elle peut être un réel moteur de développement.
Pour l’instant, la BCEG reste un mystère : un projet visionnaire ou une autre illusion bien emballée. Espérons que, cette fois, les rubans coupés ne serviront pas à attacher les mains des jeunes entrepreneurs déjà trop souvent abandonnés à leur sort. À la BCEG : bienvenue dans l’arène. Les Gabonais attendent, les critiques aussi.
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