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Sommet Extraordinaire de la CEMAC : l’urgence économique se heurte à l’inertie des élites

IMG La photo de famille à la fin du sommet.

C’est dans l’atmosphère feutrée de Yaoundé, où le protocole se mêle à la routine des accolades diplomatiques, que le Président de la Transition du Gabon, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, a pris part le lundi 16 décembre dernier au Sommet Extraordinaire de la CEMAC. Invité par S.E. Paul Biya, doyen des dirigeants africains et maître de cérémonie de cette rencontre, le général-président s’est retrouvé autour de la table avec ses homologues de la sous-région, pour une énième tentative de sauver l’économie vacillante de la CEMAC.

 

Les chefs d’État face à un héritage encombrant

 

À l’ordre du jour, des sujets aussi cruciaux que familiers : diversification économique, renforcement des réserves de change et ajustement structurel. Des termes pompeux qui, depuis des décennies, peuplent les communiqués finaux sans toujours transparaître dans les politiques nationales. La sous-région, engluée dans une dépendance chronique aux matières premières et une gestion parfois approximative des ressources publiques, cherche désespérément des solutions pour éviter une nouvelle descente aux enfers économiques.

 

Le Président Oligui Nguema, avec son franc-parler légendaire, a pointé du doigt la nécessité de passer des discours fleuris aux actions concrètes. Mais derrière les déclarations officielles et les sourires affichés pour les caméras, un constat s’impose : la machine communautaire semble grippée, oscillant entre ambitions démesurées et incapacité chronique à se réformer.

 

Un ballet diplomatique ou un sommet de complaisance ?

Sous les lustres éclatants du palais des conférences, la satire n’est jamais loin. D’un côté, des résolutions ambitieuses adoptées à l’unanimité, promettant monts et merveilles pour les économies locales. De l’autre, des dirigeants dont certains peinent à assurer la transparence budgétaire ou à contenir des dettes publiques galopantes.

« Nous devons agir maintenant pour éviter le pire », a martelé un participant. Une phrase qui aurait pu faire vibrer les esprits si elle ne résonnait pas comme une copie conforme de celle prononcée il y a cinq ans, au précédent sommet extraordinaire. Entre les appels à la solidarité régionale et les rappels à l’ordre du FMI, les États membres de la CEMAC jonglent entre dépendance et souveraineté économique, souvent au détriment des populations.

 

Et après ?

Si les discussions ont permis d’échanger sur des solutions concrètes comprendre ici des idées griffonnées sur un coin de table, le véritable test réside dans leur mise en œuvre. L’intégration économique régionale reste un idéal plus qu’une réalité, freinée par des intérêts nationaux divergents et des rivalités parfois feutrées.

 

Pour le Gabon, qui traverse une période de transition politique, cette rencontre était aussi l’occasion de réaffirmer sa place sur l’échiquier régional. Le Président Oligui Nguema, bien que nouveau dans le cercle des chefs d’État, a su se démarquer par un discours pragmatique et sans fioritures, appelant à une refonte des priorités communautaires.

 

Ce sommet aura été, comme souvent, un mélange de gravité et de théâtre, où l’urgence économique se heurte à l’inertie des élites. Reste à voir si les résolutions adoptées connaîtront le sort habituel – enfouies dans les archives ou si cette fois, enfin, la CEMAC se relèvera de ses contradictions. Les populations, elles, attendent toujours de voir.

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