Le 16 novembre prochain, les Gabonais seront appelés à voter pour un référendum censé inaugurer une nouvelle ère constitutionnelle. Annoncé comme un exercice démocratique « pour et par le peuple », ce scrutin ambitionne de tourner la page sur des décennies de méfiance et de centralisation du pouvoir. Mais entre les espoirs des citoyens et le rôle renforcé du ministère de l’Intérieur dans l’organisation, les avis oscillent entre optimisme et scepticisme teinté d’ironie.
Pour la première fois, l’organisation des élections ne sera plus du ressort du Centre Gabonais des Élections (CGE), mais directement du ministère de l’Intérieur, dirigé par Hermann Immongault. Promesse faite par le ministre : « une transparence totale ». Une affirmation qui a suscité une certaine surprise, pour ne pas dire de l’étonnement. Car, en matière d’élections, la population garde encore des souvenirs vifs de pratiques passées où les résultats semblaient parfois s’aligner miraculeusement avec les ambitions du pouvoir. Mais cette fois, on nous assure que le processus sera différent… enfin, c’est ce qu’on dit.
« Le ministère va garantir la volonté du peuple », répète-t-on dans les bureaux officiels. Et les Gabonais espèrent, sans trop y croire, que cette « transparence » ne sera pas du genre à transformer les urnes en boîtes à surprises. Après tout, il est toujours possible de jongler avec les règles, même en pleine lumière.
L'objectif est de rédiger une constitution qui « reflète les aspirations du peuple », selon le discours officiel. La population, elle, est plutôt prudente, consciente que le texte pourrait bien être façonné pour plaire aux intérêts en place, tout en enrobant le tout de « participation citoyenne ». « On refait la déco, mais c'est toujours la même maison », murmure un habitant de Libreville, en référence aux réformes successives qui ont souvent ajouté plus de complexité que de renouveau.
L’enjeu de ce référendum est de restaurer la confiance envers une constitution que certains jugent trop souvent remaniée pour satisfaire des intérêts particuliers. Mais alors que le ministère de l’Intérieur s’impose comme garant du processus, nombreux sont ceux qui se demandent si cette nouvelle constitution servira vraiment l'intérêt général… ou si elle restera un texte que l’on peut ajuster à souhait.
Au final, ce référendum pourrait bien être un test décisif pour le ministère de l’Intérieur, qui se trouve sous les projecteurs. Les Gabonais iront aux urnes avec un mélange de prudence et d'ironie, se demandant si, cette fois, leur voix comptera réellement. Entre ceux qui se rendront aux urnes avec un stylo bien à eux au cas où et ceux qui se contenteront de regarder le spectacle de loin, le référendum du 16 novembre risque de marquer les esprits.
La transition parviendra-t-elle à démontrer que la transparence et la démocratie sont plus qu’une simple vitrine ? Les Gabonais attendent de voir. Mais, fidèle à leur humour, ils savent déjà qu’au Gabon, même les grandes promesses démocratiques peuvent parfois se transformer en pièces de théâtre… avec, bien sûr, le public en coulisse.
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