Quand on se baptise RÉAGIR, il faut s’attendre à ce que les tensions internes ne passent pas inaperçues. Ce parti, qui se voulait l’étendard d’un renouveau politique au Gabon, est aujourd’hui davantage un laboratoire des ambitions personnelles qu’un modèle d’unité. La démission tonitruante de Jean-Valentin Leyama du bureau exécutif a déclenché une véritable guerre de tranchées. Mais qu’on se rassure, tout le monde reste "membre du parti", parce qu’au fond, personne n’a envie de lâcher l’assiette.
Un scénario bien rodé : luttes de pouvoir et querelles d’égo
Jean-Valentin Leyama, avec sa plume acérée, a préféré claquer la porte du bureau exécutif pour mieux dénoncer, dans une lettre publique, les « dérives » du président François Ndong Obiang. Traduction : il veut bien rester dans le jeu, mais à ses propres conditions. En face, Persis Lionnel Ondo Essono, désigné intérimaire, joue les chefs de file, mais sans convaincre grand monde. Si cette situation vous rappelle une mauvaise série politique, c’est normal : la politique gabonaise regorge de ces scénarios où les statuts des partis deviennent des armes de guerre.
Pour couronner le tout, le tribunal a refusé d’arbitrer la bataille entre Ondo Essono et Leyama, jugeant leur différend "irrecevable". Résultat : retour à la case départ. Mais au lieu d'un dialogue constructif, c'est un concours de petites phrases assassines et de stratégies d'exclusion qui s’installe. En prime, un organe pourtant vital, le Commissariat général à l’éthique, brille par son absence. Peut-être que l’éthique n’est tout simplement pas à l’ordre du jour.
RÉAGIR ou RÉCRÉER ?
Il y a quelque chose d’ironiquement prévisible dans cette débâcle. RÉAGIR, qui se voulait une alternative à la vieille politique gabonaise, semble prendre des cours accélérés auprès des maîtres du genre. On divise, on manipule, et surtout, on ne lâche jamais son morceau de pouvoir. Ce qui devait être un projet collectif pour "réapproprier le Gabon" s’est transformé en une guerre des tranchées, où chacun campe sur ses positions.
Les partisans de Leyama crient au manque de légitimité d’Ondo Essono. Ceux de Ndong Obiang rétorquent que seul un Congrès peut exclure qui que ce soit. Et pendant ce temps, l’électorat, témoin passif, observe un spectacle digne d’une mauvaise pièce de théâtre où les acteurs jouent à se jeter des tomates.
Un futur aussi flou que les statuts du parti
Quelle solution pour sortir de ce marasme ? On parle d’un bureau provisoire pour calmer les esprits. Mais dans un climat où chacun rêve de diriger, qui sera prêt à faire des concessions ? Le Congrès prévu pour trancher ces querelles pourrait bien se transformer en un nouveau champ de bataille, car au fond, la question n’est pas comment sauver RÉAGIR, mais qui sauvera sa place.
Un symptôme d’un mal plus profond
L’histoire de RÉAGIR est tristement familière. Elle rappelle les déboires d’autres partis gabonais, où la lutte pour le pouvoir personnel l’emporte toujours sur les idéaux collectifs. Au lieu de construire des institutions solides, on préfère bâtir des clans. Au lieu de réformer, on recycle les vieilles méthodes. Et au lieu d’écouter la base, on organise des guerres d’influence au sommet.
RÉAGIR voulait réapproprier le Gabon, mais il semble incapable de se réapproprier sa propre cohésion. À ce rythme, le parti risque de rejoindre le cimetière des formations politiques qui ont brillé un instant avant de sombrer sous le poids de leurs contradictions. Alors, pour un parti censé incarner l’espoir, il serait temps de… réagir. Ou au moins d’arrêter de nous servir ce spectacle politique digne d’un feuilleton à rallonge. Le Gabon mérite mieux que ce cirque.
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