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Politique

PDG : Du bourreau électoral à la pleureuse démocratique

IMG Angélique Ngoma, Secrétaire général du Parti démocratique gabonais (PDG).

Le Parti Démocratique Gabonais (PDG) n’a décidément peur de rien, pas même du ridicule. Dans un communiqué au ton théâtral, lu par sa secrétaire générale Angélique Ngoma, l’ancien parti-État s’est posé en victime des législatives et locales du 27 septembre. Oui, vous avez bien lu : le même PDG qui, cinq décennies durant, a transformé les élections en mascarades nationales, se découvre soudain un goût pour la sincérité du vote et le respect de la transparence.

 

On aura tout vu ! Après avoir bâti son empire sur la fraude organisée, les bourrages d’urnes, les disparitions mystérieuses de procès-verbaux et la magie des chiffres électoraux qui faisaient d’un candidat minoritaire un élu « triomphal », le PDG dénonce aujourd’hui… l’absence d’isoloirs conformes, les cartes d’électeurs distribuées en retard, les procurations fantaisistes et la confiscation des procès-verbaux. En somme, les recettes de sa propre cuisine, désormais servies par d’autres marmitons.

 

Cette volte-face rappelle un proverbe africain : « Quand le crocodile sort de l’eau pour accuser l’hippopotame d’être mouillé, il faut rire pour ne pas pleurer. » Voilà donc le PDG transformé en donneur de leçons, tentant de se draper dans les habits d’une vierge effarouchée alors qu’il est l’architecte même du système qu’il prétend condamner.

 

Angélique Ngoma l’a dit avec aplomb : « Le Parti Démocratique Gabonais ne saurait être tenu responsable de cette défaillance. » Traduction : « Nous avons été les maîtres de la fraude hier, mais comme nous ne sommes plus aux commandes, les nouvelles fraudes ne nous concernent plus. » On croirait entendre un pyromane exiger une médaille pour avoir déposé le seau d’eau… après avoir incendié le village.

 

Le PDG tente désormais un repositionnement stratégique : se faire passer pour un acteur responsable, accompagnateur loyal de la Transition, défenseur de la stabilité et de la cohésion sociale. Mais derrière ce discours se cache une opération de blanchiment politique. Car soyons sérieux : peut-on effacer d’un coup de communiqué les décennies où ce parti a confisqué la démocratie, muselé l’opposition et transformé le vote en formalité cosmétique ?

 

La manœuvre est claire : dans une Ve République balbutiante, où la présidentielle du 12 avril et les scrutins de septembre ont déjà mis en lumière les limites de l’organisation électorale, le PDG veut s’offrir une nouvelle virginité. Mais l’histoire est têtue. Et les Gabonais n’ont pas oublié que c’est précisément la machine électorale du PDG qui a mené au chaos du 30 août 2023.

 

En politique comme en cuisine, il est des ingrédients qu’on ne digère pas. La démocratie n’est pas un gâteau que l’on engloutit seul pendant cinquante ans pour ensuite réclamer sa part au banquet quand d’autres s’installent à table. Que le PDG se rassure : personne ne lui demande de pleurer. Mais qu’il sache que, dans la mémoire collective, le léopard ne perd jamais ses taches.

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