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Politique

Ali Akbar Onanga Y’Obegue crie à la fraude : la colère d’un ancien courtisan devenu prophète

IMG Ali Akbar Onanga Y’Obegue dénonce de graves irrégularités.

Il y a des réveils politiques qui ressemblent à des lendemains de cuite. Ali Akbar Onanga Y’Obegue, l’ancien enfant gâté du Parti démocratique gabonais (PDG), se découvre soudain une âme de révolutionnaire. L’homme qui, hier encore, défendait bec et ongles les « victoires écrasantes » du parti État, monte aujourd’hui sur ses grands chevaux pour dénoncer « la faillite totale du processus électoral ».

 

Le comble ? Il crie à la fraude dans un système qu’il a lui-même poli, huilé et sanctifié. Comme le dit un proverbe fang : « Celui qui a planté l’arbre du mensonge ne doit pas pleurer quand il s’assoit à l’ombre du doute. » Le motif de son courroux : l’annulation du scrutin du premier siège de Lekoni Lekori, fief historique du PDG, où son camp aurait triomphé sans bavure. Pour Onanga, c’est un « scandale politique », une « décision arbitraire » et une « preuve de l’effondrement de l’État de droit ».

 

Mais pour qui connaît le Gabon politique, cette indignation sonne comme une symphonie jouée par un musicien amnésique. Car enfin, qui a transformé la machine électorale en fabrique de résultats sur mesure ? Qui a nourri ce monstre administratif où le pouvoir écrit les verdicts avant même que les urnes ne soient ouvertes ? Le serpent mord sa propre queue et crie au venin.

 

Avec la colère d’un ancien courtisan devenu prophète, Onanga Y’Obegue accuse le ministre de l’Intérieur d’avoir commis « un excès de pouvoir » et d’instrumentaliser l’Autorité de contrôle des élections et du référendum (ACER).

 

Il découvre, tardivement, que la fameuse ACER, censée être le juge impartial du jeu démocratique, n’est qu’un commis du pouvoir exécutif. « Quand le tambour appartient au chef, aucun griot n’ose battre un autre rythme », dit un proverbe bantou.

 

Mais l’homme semble oublier qu’il fut, durant des années, l’un de ces griots encravatés qui chantaient les louanges du chef tout en réduisant l’opposition au silence. Son analyse, pourtant, n’est pas fausse : les élections de septembre 2025 ont été un chaos organisé, un bal de tricheries chorégraphiées. Des urnes fantômes ici, des procès-verbaux maquillés là, et des résultats tombés du ciel comme la manne biblique.

 

Mais là où le peuple attendait des réformes et une rupture, la Transition a offert une réédition. Les mêmes pratiques, les mêmes acteurs, simplement rebaptisés. « On ne fait pas du neuf avec des visages qui sentent encore l’ancien régime », dirait un vieux sage de l’Ogooué-Ivindo.

 

Et quand Onanga lâche, mi-sérieux, mi-provocateur : « Faut-il encore un autre coup d’État ? », le pays retient son souffle. Non pas parce qu’il approuve, mais parce que la question révèle l’échec collectif : celui d’une transition qui tourne à la tragi-comédie démocratique. Deux ans après la « libération » du 30 août 2023, les Gabonais assistent, impuissants, à la résurrection des vieux démons électoraux.

 

Le militaire a remplacé le civil, mais la logique reste la même : contrôler, imposer, justifier. « Quand le léopard met une chemise neuve, ses taches restent les mêmes », dit un proverbe punu. Alors, Onanga se pose en résistant. Il plaide pour l’annulation pure et simple du scrutin, en appelant le chef de l’État à « un acte de responsabilité ». Beau discours. Mais le peuple, lui, n’est plus dupe. Il sait que les crocodiles qui se battent dans la boue ne le font pas pour défendre la rivière, mais pour mieux la dominer.

 

« Quand deux éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre », dit la sagesse africaine. Et ici, l’herbe, c’est le peuple gabonais piétiné, oublié, instrumentalisé. Le plus tragique dans cette comédie politique, c’est que chacun joue son rôle sans honte. Les anciens bourreaux se font passer pour des martyrs, les nouveaux maîtres jurent de laver plus blanc que blanc, et le citoyen reste prisonnier d’un éternel recommencement.

 

Le Gabon avance comme un crabe : à reculons, mais avec conviction.

Oui, Onanga a raison sur le fond : les élections de 2025 ont été une farce, un théâtre où les dés étaient pipés dès le lever de rideau. Mais il a tort sur la morale : car on ne peut pas dénoncer aujourd’hui ce qu’on a jadis justifié avec zèle. « Le feu qui brûle la case du voisin commence toujours par la fumée dans la tienne », dit un proverbe myènè.

 

Le PDG pleure donc à présent sur la tombe de sa propre créature : un système électoral sans foi ni loi, un État où le pouvoir décide, proclame et s’auto-légitime. Et le peuple, spectateur lassé de ce théâtre sans fin, regarde cette nouvelle querelle d’anciens complices comme une énième farce du destin.

 

Au fond, le problème n’est pas Lekoni Lekori, ni l’ACER, ni même le ministre. Le problème, c’est ce pays où la vérité électorale est toujours une question de rapports de force, jamais de transparence. Le problème, c’est cette classe politique qui change de discours plus vite que de veste, au gré du vent du pouvoir. Et pendant qu’ils s’accusent entre eux, le Gabon attend toujours son aube démocratique. Mais comme le dit un proverbe fang : « Le coq qui chante trop tôt finit dans la marmite avant le lever du soleil. »

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