Paiement des rappels salariaux : dernière cartouche avant le référendum ?

Oligui Nguema sort l’artillerie lourde pour soulager les fonctionnaires.

À l'approche du grand jour du référendum, le Président de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, vient de sortir l’artillerie lourde : 35 milliards de FCFA en rappels salariaux pour les agents de l’administration publique. Une belle somme, parfaitement synchronisée pour apaiser les mécontentements sociaux… et donner un peu d'élan à ce référendum stratégique du 16 novembre.

La rencontre du 5 novembre entre le Président et les syndicats au Palais de la Rénovation a été un grand moment de diplomatie. Imaginez la scène : d'un côté, des syndicats qui attendent des paiements depuis des années ; de l'autre, un président prêt à ouvrir les caisses de l'État avec une générosité soudaine. Et le public ? Tout sourire. Car oui, la promesse du premier versement de 35 milliards de FCFA dès le 12 novembre tombe à pic pour les travailleurs, qui n'avaient plus vu un rappel salarial depuis des lustres.

Le Gabon, champion des kilomètres... de promesses

Dans son discours, le Président n’a pas lésiné sur les annonces : le pays aurait construit près de 600 kilomètres de routes en un an, contre des moyennes annuelles de 1 kilomètre jusqu'ici. Une performance qui ferait presque rougir les plus grands constructeurs d'infrastructures mondiales. S’il n’y avait que ça : les autorités de transition annoncent aussi plus de 20 500 emplois jeunes créés et 28 milliards alloués aux pensions. Le Gabon aurait-il soudainement trouvé une potion magique de productivité ?

Les syndicats, par la voix de Pierre Mintsa, président de la Confédération Syndicale Machette Syndicale des Travailleurs Gabonais Vaillants (MSTGV), semblent satisfaits, tout en gardant un œil vigilant. "Cela fait plus de dix ans qu'on nous promet des rappels. Il était temps !", aurait-il confié, sans pour autant lever la vigilance sur le futur. Car, comme dit l’adage : "Méfie-toi des cadeaux à la veille des élections… ou des référendums".

Corruption, administration et référendum : les trois combats de la transition

Dans la foulée, le Président a exhorté ses collaborateurs à adopter la vertu. Oui, car si les routes poussent comme des champignons, les "fléaux" de la corruption, eux, restent toujours bien enracinés. Dans un appel solennel à l'intégrité et au professionnalisme, Oligui Nguema rêve de voir une administration transformée en modèle de transparence. Ambitieux, certes, mais qui pourrait lui reprocher d’essayer ?

Le tout, bien sûr, dans un contexte où la mobilisation pour le référendum prend des airs de devoir patriotique. Ce référendum, nous assure-t-on, ouvrira une nouvelle ère de développement. Les citoyens sont donc invités à voter massivement, en pleine confiance. Après tout, avec des annonces comme celles-ci, qui pourrait douter de la sincérité des réformes ?

Le timing de ces mesures laisse toutefois songeur. Réforme après réforme, annonce après annonce… le Président Oligui Nguema tente de redonner espoir aux Gabonais, qui commencent peut-être à se demander si ces largesses se poursuivront après le 16 novembre. En attendant, les employés publics, habitués à des promesses reportées, scrutent de près la date du 12 novembre, espérant que, cette fois, les rappels n’arriveront pas en lettres mortes. Les Gabonais se demandent : tout ceci est-il le signe d’un réel renouveau, ou simplement un tour de passe-passe pour s'assurer du soutien populaire ?