Le Parti Démocratique Gabonais (PDG), ce monstre politique qui a régné sans partage sur le Gabon pendant plus de cinq décennies, semble enfin vouloir se réinventer. Du moins, c’est ce que laisse entendre Angélique Ngoma, la secrétaire générale du parti, qui a annoncé la préparation d’un congrès devant « solder la période consécutive à la mise en place du Directoire provisoire ». Derrière cette déclaration empreinte de gravité, on peut se demander : s’agit-il d’un véritable renouveau politique ou simplement d’une remise à neuf d’un système qui peine à se détacher de ses vieux réflexes ?
Le dernier acte en date de cette saga politique fut la validation d’une nouvelle constitution, un texte qui instaure un régime présidentiel avec des pouvoirs « équilibrés et limités ». Une révision qui, selon les experts, garantit la bonne gouvernance du pays. Un plébiscite à plus de 91% des voix pour ce changement constitutionnel a, bien entendu, été salué par Angélique Ngoma comme un succès éclatant.
La question, à ce stade, n’est plus de savoir si le PDG est prêt pour l’élection présidentielle de 2025 une échéance à laquelle il se prépare activement, selon Mme Ngoma. Non, la vraie question réside dans la manière dont ce parti, qui a si longtemps incarné l’essence même du pouvoir centralisé, compte se réorganiser pour faire face à un contexte politique de plus en plus complexe. Car s’il est une chose que le PDG sait faire, c’est organiser des congrès. Mais sont-ils vraiment le signe d’une réinvention, ou simplement l’expression d’une organisation qui cherche à conserver son contrôle de manière plus technocratique ?
Le fait est que, malgré le triomphe du « oui » au référendum, la gouvernance politique du PDG reste marquée par une série d’interrogations sur son avenir. Avec des décennies de pouvoir sans véritable alternance, le parti a-t-il vraiment les moyens de se renouveler ? Le congrès annoncé sera-t-il un simple exercice de survie, une réponse à un besoin d’actualisation ou un moment de sincère introspection politique ? Il est encore difficile de dire si les Gabonais verront émerger une nouvelle dynamique ou s’ils auront à subir une énième version d’un même scénario.
À l’approche de 2025, la mobilisation des troupes dont parle Mme Ngoma semble plus une nécessité qu’une réelle ambition de réinvention. Car, à défaut d’un véritable renouvellement idéologique, c’est la machine électorale qui doit prendre le relais, en activant tous les leviers du pouvoir pour maintenir la domination du parti. Le PDG n’a, après tout, jamais été un simple mouvement politique : c’est avant tout une institution, avec des mécanismes de gestion qui dépassent les simples enjeux de la compétition démocratique.
Il serait toutefois naïf de sous-estimer le potentiel de ce congrès. Si, par hasard, le PDG décidait enfin de se débarrasser de ses anciennes habitudes et de s’ouvrir à une véritable démocratie interne, il pourrait surprendre. Mais cela nécessiterait un courage politique rare, un changement de cap véritable, et non une simple remise à jour des discours et des structures. Le fait que ce congrès soit présenté comme un moment de préparation pour les élections de 2025 fait surtout penser à une grande répétition générale pour un scénario qui a déjà été écrit.
Dans tous les cas, à défaut de parler de révolution, le PDG semble décidé à réorganiser sa maison. Mais pour quelle finalité ? La réponse viendra peut-être dans quelques mois, quand le parti aura défini ses priorités et mis en place un nouveau Directoire. Cependant, il est fort à parier que, quel que soit le résultat de cette opération de rénovation, le PDG continuera de marquer la politique gabonaise de son empreinte. Car, à l’image des grands partis historiques, il est peu probable qu’une simple restructuration suffise à effacer des décennies de pouvoir incontesté. Mais qui sait, peut-être que ce congrès sera enfin l’occasion d’un renouveau sincère… ou pas.
À suivre.
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