Le 5 décembre 2024, le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a multiplié les gestes symboliques de réconciliation et d’unité nationale après un référendum qui a, selon lui, permis au Gabon de sortir victorieux, indépendamment des voix pour ou contre la nouvelle Constitution. Ce discours et cette rencontre s'inscrivent dans la stratégie d'un président résolu à renforcer le dialogue politique et à promouvoir l'inclusivité, en particulier dans un contexte où l’opposition a fermement rejeté les changements constitutionnels proposés.
Un retour triomphal et un message de paix
Après plusieurs visites diplomatiques en Belgique, en Égypte et au Sénégal, où il a abordé des opportunités d’investissements internationaux pour le Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema est revenu au pays pour adresser un message de félicitations à la nation gabonaise. Il a salué la "bonne tenue" du référendum, une manière diplomatique de pointer du doigt le bon déroulement du scrutin, tout en se positionnant comme le chef d'un processus de réconciliation.
Le Président n'a pas tardé à donner la priorité à un sujet particulièrement sensible : le dialogue avec les partisans du NON, notamment les figures de l'opposition telles que Jean Rémy Yama, Marcel Libama, Nicole Asséle et Ulrich Malekou Ma Malekou, Jean Valentin Leyama et le Pr Albert Ondo Ossa. Un acte fort, presque théâtral dans son apparente volonté de tordre le cou aux critiques qui dénoncent une Constitution taillée sur mesure pour son pouvoir.
L'inclusivité, une priorité ou un calcul politique ?
La rencontre du 5 décembre a été, selon le président, l’occasion de "rassurer" l’opposition. Il a insisté sur l'importance de leur rôle dans la Transition pour garantir des élections transparentes, crédibles et apaisées. Dans un élan de réconciliation, il a déclaré que "le Gabon, et non une faction, est sorti vainqueur" du référendum, ajoutant que "les élections n’ont ni gagnants ni perdants".
Cette déclaration a été perçue par certains observateurs comme une tentative de calmer les tensions et d’apaiser les mécontentements après un scrutin contesté.
Des paroles et des actes : la question de la maturité démocratique
Le Chef de l’État a voulu montrer aux yeux du monde que le Gabon a franchi un cap, celui de la maturité démocratique. Mais à quelle condition ? Après un référendum où le camp du NON a dénoncé des irrégularités et où plusieurs acteurs de la société civile ont exprimé leurs inquiétudes sur la crédibilité du processus, la question de savoir si le Gabon est vraiment devenu un modèle de démocratie reste en suspens.
L’opposition, elle, demeure vigilante. En dépit des appels à la réconciliation, des figures comme Jean Rémy Yama et Marcel Libama ont exprimé leurs réserves. L’unité prônée par le président pourrait-elle suffire à effacer les divisions profondes qui subsistent dans le pays ?
Un coup de maître politique ou une danse délicate ?
En parallèle de son discours de réconciliation, le Président Oligui Nguema n'a pas manqué de rappeler la nécessité d'une Transition réussie, et d'instaurer une période électorale "apaisée". Ce message, bien qu’efficace dans son contenu, pourrait se heurter à la réalité politique d’un pays où les plaies du passé restent encore vives.
L'idée de vouloir présenter le Gabon comme un modèle de maturité démocratique à travers un simple discours et une rencontre avec les leaders de l’opposition est audacieuse. Mais certains se demandent si cette volonté de fédérer tous les Gabonais ne relève pas d'un calcul politique plus subtil. Un coup de maître pour apaiser les tensions ou une danse délicate sur la scène politique, où chaque geste compte ? Plus symbolique encore, le dialogue n’a pas épargné l’opposant historique Daniel Ondo Ossa, qui, bien qu’en dehors des projecteurs de cette rencontre, a également échangé avec le Chef de l’État. Après tout, pourquoi ne pas transformer chaque "Non" en une opportunité de resserrer les rangs, même si cela ressemble parfois à une danse de compromis ?
Le Gabon semble être à un tournant historique. La véritable question qui se pose désormais est de savoir si la transition menée par Brice Clotaire Oligui Nguema saura réellement incarner cette transition démocratique, ou si elle sera perçue comme une simple illusion d’unité sous contrôle.
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