Depuis Londres, le silence est assourdissant. À Libreville, en revanche, une voix que l’on croyait définitivement ensevelie sous les décombres du régime Bongo vient de résonner avec fracas. Brice Laccruche Alihanga, l’homme que l’on surnommait autrefois le « Vice-Président sans décret », a profité d’une interview exclusive sur TV5 Monde pour faire une entrée théâtrale dans le débat public. Et il n’est pas venu seul : il traîne avec lui un lourd dossier de règlements de comptes, de dynastie brisée et de trahison à la sauce tropicale.
"J’ai dit non au prince" Laccruche ou le dernier des Mohicans ?
Il fallait oser. Devant les caméras de la télévision francophone, l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo a tout balancé. Une scène digne d’une tragédie grecque, version Nkembo : Noureddin, le fils du président, aurait tenté de l’enrôler dans une succession monarchique soigneusement planifiée. « Mon grand-père était président, mon père est président, je serai président », aurait-il lancé. À cela, Laccruche aurait répondu non. Non au trône, non au costume de valet, non à l’héritier au front froissé. Résultat ? Une cellule, un procès à huis clos et cinq années à ruminer dans un silence d’État. Aujourd’hui, il revient, et c’est avec une machette verbale bien affûtée qu’il découpe les vestiges du royaume Bongo.
Sylvia et Noureddin : Exilés ou fugitifs de luxe ?
Dans cette affaire, les absents ont tort… mais aussi les passeports diplomatiques. Tandis que Sylvia Bongo et Noureddin Bongo Valentin vivent une retraite dorée à Londres, déguisés en victimes d’un coup d’État mal élevé, Laccruche exige leur retour au pays. Non pour prendre le thé à l’ambassade, mais pour répondre devant la justice gabonaise.
Que s’est-il donc passé en prison ? Une conversion ? Une révélation divine ? Ou une stratégie de repositionnement ? Peu importe, le résultat est là : Brice Laccruche Alihanga parle, accuse et demande réparation.
Justice au Gabon : la balance penche toujours vers les absents
Le cas Laccruche remet au goût du jour la vieille rengaine nationale : au Gabon, la justice est plus rapide pour ceux qu’on veut faire taire que pour ceux qu’on veut protéger. Cinq années d’enfermement sans procès équitable pour l’un, cinq années de shopping à Harrods pour les autres. Cherchez l’erreur. Le gouvernement de transition, qui s’est promis de rétablir l’État de droit, se retrouve aujourd’hui face à un dilemme : appliquer la justice à ceux qui étaient au sommet du sommet, ou continuer à enchaîner les seconds couteaux en oubliant les orfèvres du système.
Mais une chose est certaine : la parole de Laccruche est une bombe politique. Et les éclats pourraient bien atteindre ceux qui pensaient pouvoir gouverner en exil, à coups de tweets plaintifs et de nostalgies monarchiques.
Épilogue : dans la jungle du pouvoir, les anciens serpents savent où mordre. Avec ce coup d’éclat médiatique, Brice Laccruche Alihanga ne cherche pas seulement à rétablir son honneur il annonce son retour sur l’échiquier politique, à la manière d’un vieux général revenu de l’enfer.
Sa cible est claire. Son message aussi. Et dans un pays en quête de justice réelle, il se pourrait bien que les révélations de l’ancien geôlier du palais deviennent les fondations d’un procès que le peuple attend depuis trop longtemps : celui de l’arrogance dynastique. La balle est dans le camp du gouvernement de transition. Mais attention : les balles rebondissent.
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