Dans le feuilleton judiciaire gabonais, la saison 2 s’annonce tout aussi palpitante que la première : toujours pas de procès pour Sylvia et Nourredin Bongo, mais un suspense insoutenable digne d’un thriller politique. Dix-huit mois après leur arrestation, l’ex-Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, candidat à la présidentielle, découvre avec stupeur qu’un État de droit implique… des procès ! Mieux vaut tard que jamais.
Un réveil judiciaire à géométrie variable
Jusqu’ici, le silence était d’or. Mais à l’approche de l’élection du 12 avril, voilà que Bilie-By-Nze, fidèle parmi les fidèles du régime Bongo, se mue en défenseur des droits de l’homme. "Tout citoyen a droit à un procès équitable", proclame-t-il, l’air grave. Un noble engagement, même si on aurait aimé l’entendre lorsqu’il était Premier ministre et que le rouleau compresseur du pouvoir ne laissait guère de place aux subtilités juridiques.
Dans ce contexte, on imagine les juges gabonais en pleine réflexion : "Bon, on leur fait un procès ou on attend encore un peu ? Après tout, un an et demi, ce n’est pas si long…". Pendant ce temps, Sylvia et Nourredin Bongo patientent en prison, tandis qu’Ali Bongo, lui, coule des jours tranquilles dans sa résidence. Drôle de paradoxe : le chef du clan est "libre de quitter le pays", mais son épouse et son fils restent derrière les barreaux, sans jugement. La justice gabonaise aurait-elle un problème de priorités ?
Oligui, le grand équilibriste
Un procès des Bongo serait un coup de théâtre intéressant, mais aussi une boîte de Pandore potentiellement explosive. Car si Nourredin commence à parler, combien de figures du pouvoir actuel risquent d’être éclaboussées ? Oligui Nguema veut-il vraiment prendre ce risque à quelques semaines d’une élection où il joue sa légitimité ?
Une justice trop prudente ou trop politisée ?
Le problème, c’est que cette affaire révèle une justice qui avance à la vitesse d’un escargot sous sédatif. La détention préventive de Sylvia et Nourredin Bongo ressemble désormais à une forme de justice d’attente : on les garde sous clé, on verra bien quoi en faire plus tard. Pas très rassurant pour une transition qui promettait transparence et rupture.
Les accusations de torture portées par leurs avocats viennent encore noircir le tableau. La justice gabonaise nie en bloc, les chancelleries occidentales haussent les épaules et le citoyen lambda se demande s’il ne vaudrait pas mieux organiser un "procès populaire" sur la place du marché. Après tout, au Gabon, les décisions importantes ont souvent été prises dans l’urgence et sous la pression de la rue.
Présidentielle 2025 : rupture ou recyclage ?
En attendant, la campagne électorale débutera le 29 mars, et les candidats peaufinent leur discours. Bilie-By-Nze promet une rupture, Oligui Nguema vend la stabilité, et le reste des candidats tentent d’exister entre ces deux mastodontes. Mais la vraie question demeure : le Gabon va-t-il enfin tourner la page, ou va-t-il simplement changer la couverture du livre ?
Quoi qu’il en soit, la justice, elle, semble avoir tout son temps. Peut-être attend-elle que la transition se termine pour se décider. Ou peut-être, comme le suggèrent certains esprits moqueurs, elle préfère finir tranquillement son café avant d’envisager le moindre jugement.
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