Lundi 14 avril 2025. Grand moment de solennité ce matin à l’hôtel Radisson Blu, où les missions d’observation électorale de l’Union africaine, du Commonwealth, de la Francophonie et de la CEEAC ont tenu une conférence de presse conjointe. Objectif : livrer leur déclaration intérimaire sur l’élection présidentielle du 12 avril. Résultat : une standing ovation pour la maturité politique du Gabon. Rien que ça.
Et à en croire ces émissaires à cravates bien repassées, tout s’est passé dans un calme olympien, avec un civisme populaire quasi-scandinave, une efficacité électorale redoutable et tenez-vous bien une digitalisation « exemplaire » du processus. On aurait presque cru qu’ils parlaient de l’Estonie. Ou de la Suisse.
L'émerveillement à la sauce diplomatique
Les mots sont tombés comme les bulletins dans l’urne : « maturité politique », « processus apaisé », « respect des chronogrammes ». On se serait cru dans un manuel de bonne gouvernance sponsorisé par les bailleurs de fonds. Les observateurs, très satisfaits, ont même salué la rapidité de la proclamation des résultats. Il est vrai qu’annoncer un vainqueur en moins de 24 heures, dans un pays qui découvre à peine l’informatique électorale, c’est une performance qui mérite au moins un Oscar, sinon un Nobel.
La population, elle, a été décorée verbalement pour son sens civique. Une façon subtile de dire que, malgré les frustrations, elle n’a pas cassé les vitrines. Peut-être que le souvenir du 30 août 2023 a calmé les ardeurs.
L'oubli diplomatique bien pratique
Évidemment, aucune mention ou si peu des anomalies signalées ici ou là, des électeurs introuvables sur les listes, des files d’attente interminables dans certains bureaux ou de l’enthousiasme modéré de certains électeurs, visiblement venus voter plus par devoir que par conviction. Mais chut. Il ne faut pas ternir le « moment historique ».
Et comme il faut toujours conclure sur une note d’espoir, les missions ont invité les Gabonais à garder le même enthousiasme pour les prochaines étapes électorales : législatives, locales, et peut-être même le concours de la plus belle affiche électorale si le calendrier le permet. Car la démocratie, c’est un marathon, pas un sprint. Surtout quand on court avec des chaussures en caoutchouc made in transition.
Une démocratie sous contrôle (et sous observation)
Finalement, on retiendra que le Gabon avance. Doucement, sûrement, et surtout sous haute surveillance bienveillante. Les observateurs sont repartis satisfaits. Le peuple, lui, attend. Attend de voir si cette transition, tant louée par l’extérieur, débouchera sur un réel changement ou sur une énième version améliorée de l’ancien système, avec des visages neufs, des discours recyclés, et un logiciel électoral fraîchement téléchargé.
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