Après plus d’une décennie de feuilletons judiciaires, l’affaire B.R Sarl semble enfin s’orienter vers un épisode palpitant : le Tribunal du commerce de Libreville a fixé les plaidoiries au 23 septembre 2025. Pour les 18 000 épargnants concernés, ce rendez-vous sonne comme une promesse d’air frais après dix ans de montagnes russes financières… et judiciaires.
Mais ne nous y trompons pas : si les regards se tournent vers B.R Sarl, le véritable procès devrait aussi pointer l’État gabonais et certains complices invisibles derrière le rideau. Car quand une entreprise « pas légalement constituée » prospère sans contrôle, il ne s’agit pas seulement de l’incompétence de quelques fonctionnaires : c’est tout un système qui se retrouve sur le banc des accusés.
Les épargnants, héros malgré eux
À la sortie de l’audience, une épargnante résumait l’exaspération mêlée d’espoir : « On est là pour attendre la restitution. La justice de Dieu doit être faite. » Entre patience biblique et exaspération légitime, les citoyens semblent jouer les avocats improvisés de la transparence, rappelant que ce feuilleton économique ne concerne pas que B.R Sarl, mais aussi tous ceux qui ont fermé les yeux sur ses pratiques.
Les banques et l’État sur le banc des accusés
Les accusations sont claires : manquement grave aux obligations de contrôle imputé au ministère de l’Économie, et complicité passive de certaines banques qui ont laissé faire. Emmanuel Mvé Mba, président du Cappe, est sans détour : « Il faut prouver la culpabilité de ces banques qui ont violé les règles en vigueur… et il faudra aussi entraîner l’État gabonais devant le tribunal. »
C’est bien là le cœur du problème : un système entier qui semble parfois avoir oublié que les règles économiques ne sont pas optionnelles. Quand l’État et les banques deviennent spectateurs d’opérations suspectes, ce sont les épargnants qui paient la facture, et souvent longtemps après que les coupables ont disparu derrière leurs bureaux climatisés.
B.R Sarl n’est pas qu’une affaire de restitution d’épargne : c’est un symbole. Elle illustre comment l’absence de régulation et la complicité passive des acteurs financiers et étatiques peuvent transformer un marché en terrain miné pour les citoyens. Les plaidoiries du 23 septembre pourraient enfin mettre sur le devant de la scène ceux qui, jusqu’ici, pensaient pouvoir agir en toute impunité.
En attendant, les épargnants continuent leur marathon judiciaire, armés de patience, de colère… et d’une ironie involontaire : après tout, il aura fallu dix ans pour que l’État et ses complices potentiels soient enfin regardés dans les yeux par ceux qu’ils ont laissés tomber.
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