L'église mobilisée derrière Oligui Nguema.
Le Gabon n’a pas encore de nouveau président élu, mais il semblerait que le Ciel ait déjà tranché. Dimanche 2 mars 2025, au complexe sportif Omar Bongo Ondimba, la messe œcuménique organisée par les "Volontaires du Oui" a offert au pays un spectacle spirituo-politique digne d’un scénario hollywoodien. Entre prières, bénédictions et symboles divins, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema a reçu bien plus qu’un simple soutien populaire : une véritable onction céleste.
Dieu, les urnes et les Volontaires du Oui
L’événement était censé rassembler les fidèles pour prier en faveur de l’unité nationale et du bon déroulement de la présidentielle d’avril. Mais très vite, la ferveur religieuse a pris une tournure prophétique : les pasteurs, imams et prêtres présents n’ont pas caché leur admiration pour l’homme de la Transition. Après tout, il est l’artisan du "coup de libération", ce 30 août 2023 où, miracle, pas une goutte de sang n’a été versée. Jésus marchait sur l’eau, Oligui a marché sur un régime vieux de 50 ans… À chacun son exploit.
Quand la colombe valide la candidature
Le moment le plus marquant de la cérémonie n’était pas la remise de la Bible ou du rameau au Président de la Transition, ni même les prières des leaders religieux. Non, le vrai clou du spectacle fut cet instant surréaliste où les colombes blanches, offerte à son épouse Zita Oligui Nguema et les leaders, a refusé de s’envoler, préférant se poser sur l’épaule du Général.
Les plus cyniques y verront un simple caprice d’oiseau fatigué. Mais pour les fidèles, c’était un signe du destin. On murmure déjà que cette scène rappelle étrangement un épisode de 2009, lorsque, lors des obsèques d’Omar Bongo Ondimba, une colombe avait fait de même. L’histoire se répète-t-elle ? L’Esprit divin désigne-t-il son élu ? Dans un pays où la politique flirte souvent avec la mystique, ce genre d’événement ne passe pas inaperçu.
L’adoubement céleste, version 2025
La classe politique, quant à elle, observe la scène avec un mélange de fascination et d’inquiétude. Car si Dieu Lui-même semble avoir choisi Son candidat, quelle place reste-t-il aux autres prétendants ? Doivent-ils s’incliner face à ce verdict céleste ou attendre qu’une colombe daigne se poser sur leur épaule en guise de légitimation ?
Dans les couloirs feutrés du pouvoir, certains s’interrogent sur le rôle grandissant de la religion dans cette campagne. D’autres, plus pragmatiques, rappellent que les élections se gagnent dans les urnes, et non sous les projecteurs d’un stade transformé en cathédrale improvisée. Mais soyons honnêtes : un tel storytelling est imparable.
Et maintenant ?
Avec cette messe aux allures de sacre, Brice Clotaire Oligui Nguema semble avoir coché toutes les cases : il a le soutien des forces de défense, de l’administration, d’une partie du peuple, et maintenant, de la Providence. Reste une dernière étape : transformer l’onction divine en onction électorale.
Les Gabonais suivront-ils la colombe, symbole de paix et d’unité, ou préféreront-ils écouter les sirènes d’une opposition qui tente encore de trouver son porte-drapeau ? Une chose est sûre : en politique comme au théâtre, un bon coup de mise en scène peut faire toute la différence. Que le scrutin soit son dernier miracle.
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