Bertrand Zibi lors d'une audience avec le Chef de l'Etat.
La politique gabonaise nous réserve toujours des scénarios aussi rocambolesques que spectaculaires. Cette fois, c’est Bertrand Zibi Abéghé, ex-opposant historique, leader autoproclamé des Mapanes et tribun des foules, qui s’illustre en endossant le rôle de héraut de Brice Clotaire Oligui Nguema. Lors d’un rassemblement orchestré à Arambo, le samedi 15 février 2025, l’homme a proclamé son soutien indéfectible au chef de la transition, le désignant comme l’homme providentiel dont le Gabon ne saurait se passer.
D’aucuns diront qu’il y a quelque chose de biblique dans cette soudaine illumination de Zibi Abéghé. L’homme, autrefois prisonnier politique sous Bongo, s’était fait l’icône d’un combat pour la démocratie, un David contre Goliath moderne. Mais voilà qu’il troque sa fronde pour des lauriers destinés à couronner un militaire arrivé au pouvoir par la force. Changement de cap ou pure stratégie ?
"Le Libérateur", un titre déjà réservé ?
Dans son discours enflammé, Zibi Abéghé a glorifié Oligui Nguema comme le "libérateur" du Gabon. Un choix lexical qui ne manque pas d’ironie, sachant que ce même pays, au gré de ses régimes, a souvent été "libéré" par des figures qui ont, ensuite, trouvé le pouvoir fort confortable. Le décor est planté : Oligui Nguema, présenté comme un sauveur, aurait donc pour mission sacrée de poursuivre son œuvre salvatrice au-delà de la transition.
« Il serait inconcevable qu’il ne se présente pas ! » a martelé Zibi Abéghé, laissant entendre que l’avenir du Gabon reposerait uniquement sur le volontarisme éclairé du président du CTRI. Cette posture a de quoi faire sourire, voire grincer des dents, dans un pays qui a longtemps souffert du culte de l’homme providentiel.
Un soutien désintéressé ou une ambition bien camouflée ?
Là où l’affaire devient croustillante, c’est que Bertrand Zibi Abéghé ne s’est pas contenté d’un simple appel du pied. Non, il a profité de l’événement pour remettre des distinctions honorifiques à Oligui Nguema, histoire d’ancrer le récit d’un chef adulé, méritant la reconnaissance du peuple. Mais au fond, qui remercie qui ? Est-ce Oligui qui devrait se sentir honoré du soutien de Zibi, ou Zibi qui cherche à se repositionner sur l’échiquier politique en tant que porte-étendard du futur candidat officiel ?
Dans cette valse d’éloges et de clins d’œil appuyés, une question demeure : Oligui Nguema mordra-t-il à l’hameçon ? Se lancera-t-il dans la course présidentielle, cédant à la pression de ses partisans, ou jouera-t-il la carte du désintéressement politique jusqu’au bout ?
Une dynamique électorale déjà verrouillée ?
Si l'on s'en tient aux réactions du public, l'opération séduction semble fonctionner. Entre acclamations et slogans à la gloire du président de la transition, l’événement d’Arambo a pris des allures de pré-campagne électorale. Pourtant, à ce jour, Oligui Nguema n’a pas officiellement déclaré ses intentions. Mais avec des "porte-paroles officieux" comme Zibi Abéghé, le terrain est préparé pour un basculement vers la compétition présidentielle.
Alors, coup de communication génial ou simple manœuvre opportuniste ? Une chose est sûre : la présidentielle d’avril 2025 s’annonce comme une pièce de théâtre politique où les rôles se distribuent déjà en coulisses. Et Bertrand Zibi Abéghé, en bon acteur, s’assure d’être au premier rang.
Affaire à suivre…
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