( Macron au Gabon ) au menu des discussions : énergie, éducation, santé, environnement

Emmanuel Macron et Brice Clotaire Oligui Nguema entendent sceller à Libreville la fin de la Françafrique et le début d’un partenariat d’égal à égal

Le voilà de retour sur la savane diplomatique ! Emmanuel Macron, alias le président globe-trotteur des ressources rares, est attendu à Libreville le 23 novembre 2025. Une visite “officielle et amicale”, dit-on à Paris. Officielle, sûrement. Amicale, ça dépend du côté de la table où l’on s’assoit.

Le chef de l’État français entame une tournée africaine à haute teneur énergétique : Maurice, Johannesburg, Luanda et surtout… Libreville, étape centrale du safari diplomatique. Objectif affiché : sceller la fin de la Françafrique et célébrer le “nouveau partenariat d’égal à égal”. En clair : faire oublier les vieilles habitudes coloniales, tout en assurant que le robinet du pétrole et du manganèse ne se referme pas trop vite. Car comme dit un proverbe africain, “le léopard peut changer de forêt, mais pas ses taches.” Et quand la France parle d’égalité, l’Afrique entend souvent “intérêts partagés, mais pas répartis”.

Selon un diplomate africain qui préfère garder l’anonymat (et son poste), “Paris veut montrer qu’elle n’est plus la belle-mère exigeante mais la partenaire compréhensive”. Traduction : la France veut continuer à dîner à la table africaine, mais cette fois sans payer l’addition seule ni perdre le dessert stratégique.

Depuis quelques mois, Emmanuel Macron multiplie les discours de rupture : “Finie la Françafrique !” répète-t-il à chaque escale, comme un prêtre récitant son homélie dominicale. Mais sur le terrain, les militaires français continuent de plier bagage d’un pays à l’autre, pendant que la Chine, la Russie et la Turquie dressent leurs propres tentes diplomatiques.

Libreville devient donc une escale symbolique : le Gabon, vitrine verte de l’Afrique centrale, ancien pilier de la présence française, dirigé aujourd’hui par un général pragmatique, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a juré de rééquilibrer les partenariats. L’Élysée a d’ailleurs attendu la fin du cycle électoral gabonais pour officialiser la visite histoire de ne pas tomber au mauvais moment dans le chaudron politique local.

Au menu des discussions : énergie, éducation, santé, environnement… et un soupçon de realpolitik. On parle d’accords bilatéraux “équilibrés”. Mais comme le dit un autre adage du continent : “Quand le caïman dit qu’il veut t’aider à traverser la rivière, garde un œil sur ses dents.”

Derrière le vernis diplomatique, Paris cherche à rétablir ses réseaux, à préserver ses intérêts et à ne pas disparaître totalement du décor africain. Car pendant que la France parle d’“égalité”, Pékin investit, Moscou arme, et Ankara s’installe.

Pour les experts en relations internationales, cette visite relève moins du romantisme diplomatique que de la séduction stratégique. “Macron cherche à repositionner la France comme un acteur global ‘post-colonial’, mais sans renoncer à l’accès privilégié aux ressources africaines”, analyse un chercheur de l’IFRI.

Au fond, cette tournée africaine ressemble à une opération de charme économique, en costume diplomatique. La France veut prouver qu’elle peut encore séduire l’Afrique sans la dominer. Mais comme dit un vieux sage fang : “On ne peut pas danser sur le tam-tam d’un autre et prétendre diriger la fête.”

Reste à savoir si, cette fois, le tam-tam diplomatique de Libreville battra au rythme du partenariat ou au son familier des promesses creuses. Une chose est sûre : quand la France parle de “fin de la Françafrique”, l’Afrique, elle, préfère attendre de voir la facture.