Même quand tout est contre lui, la culture bantoue exige qu’on n’humilie pas un aîné. Surtout quand ce dernier occupe d’importantes fonctions dans le village ou la famille. C’est ce à quoi se sont attelés, jusqu’ici, les cadres et les militants du Rassemblement héritage et modernité, en proposant, lors de diverses réunions, une porte de sortie honorable au président de leur formation politique, Michel Menga M’Essone. Mais l’actuel ministre de la Décentralisation n’en a cure des invitations des membres de son parti politique qui l’invitent à tirer toutes les conséquences de l’incohérence politique dans laquelle il est plongé.
En tant que membre du gouvernement, le président du RHM tente plutôt d’emmener ce parti politique de l’opposition à adouber et soutenir la candidature d’Ali Bongo Ondimba à l’élection présidentielle de 2023. Ce fut tout le sens de la tournée effectuée dans la province du Woleu-Ntem où Menga M’Essone a, clairement, indiqué que « pour le cas spécifique de l’élection présidentielle, le RHM soutiendra la candidature du Chef de l’Etat ».
La levée de boucliers a été immédiate à Libreville. Serge Maurice Mabiala, le Secrétaire général du parti, soutenu par plusieurs cadres, va riposter, en rappelant Michel Menga M’Essone à l’ordre. Dans un communiqué envoyé à la presse, le 15 mai dernier, le député de la ville de Mouila rappelle que « le RHM est un parti régi par des textes organiques. Le congrès en est l’organe suprême. Il incarne la souveraineté du Parti. Nul, parmi ses militants, quelle que puisse être sa qualité, ne saurait engager le parti sans la nécessaire et obligatoire concertation préalable de l’ensemble de ses militants réunis par délégation ».
Non sans souligner que les élus, cadres et militants du RHM démentent avec fermeté les affirmations Menga M’Essone et abandonnent la paternité de telles allégations à son auteur. Fou de rage, Menga M’Essone va prendre son téléphone pour demander des explications à Mabiala, en accusant ce dernier de lui en vouloir personnellement. Sauf que les lamentations du ministre n’émeuvent nullement les élus et cadres du parti qui somment désormais le président statutaire qu’il est de faire, définitivement, le choix de réintégrer les rangs du PDG.
Un retour au PDG reste la seule bouée de sauvetage
Pire, ces derniers menacent Menga M’Essone d’organiser, dans les semaines et mois à venir un congrès dont l’ordre du jour portera, exclusivement, sur sa destitution en tant que président du RHM. D’autant que sa gestion du parti est jugée calamiteuse à tous les niveaux. Accroché à une conception patrimoniale du parti, Menga M’Essone utilise le RHM comme un gadget pour se maintenir au gouvernement, alors que sur le terrain, l’élu de Cocobeach est aux abonnés absents. Aucune rencontre avec les élus, aucune action de terrain visant à consolider l’emprise du RHM dans les localités du pays. Ne parlons pas de l’argent investi ou des cotisations. En tant que président, révèlent plusieurs sources, Menga M’Essone n’est pas à jour de ses cotisations. Rien que cet aspect suffirait à le démettre, renchérit une source. « Mais nous ne voulons pas en arriver là ; nous demandons à M. Menga M’Essone de tirer lui-même les conséquences de la position inconfortable et incohérente dans laquelle il se trouve. Le RHM est un parti de l’opposition qui n’a aucune politique de gouvernance avec le PDG. Nous n’allons donc pas soutenir le candidat du PDG à une quelconque élection », souligne un cadre. Humilié et désavoué publiquement par sa propre formation politique, sommé de renvoyer l’ascenseur à Ali Bongo Ondimba après son entrée et son maintien au gouvernement, Menga M’Essone donne l’impression d’un homme totalement perdu dans ses incohérences. Un retour au PDG reste la seule bouée de sauvetage.
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