Alain-Claude Bilie-By-Nze veut incarner une alternative politique crédible.
Il y a des hommes politiques qui chutent, d’autres qui se relèvent, et puis il y a Alain-Claude Bilie-By-Nze, qui perd une élection et y voit une révélation divine : celle de devenir chef de parti. Ce lundi, dans une conférence de presse aussi solennelle qu’un serment d’anciens camarades de classe qui jurent de ne plus tricher, l’ancien Premier ministre a annoncé la création prochaine d’un mouvement politique. Son nom ? Ensemble pour le Gabon. Originalité : zéro. Ambition : maximale.
Celui que l’on appelait jadis le “penseur du système” s’érige désormais en tribun du peuple, dénonçant le régime militaire comme s’il en découvrait soudainement l’autoritarisme... après avoir pourtant survécu à toutes les strates du régime précédent. Un miracle d’adaptation politique, digne d’étude en laboratoire.
Mais attention : pas question pour Bilie-By-Nze de se dire amer ou revanchard. Non, il est désormais investi d’une mission quasi mystique : canaliser la frustration du peuple, bâtir une alternative, et surtout, ne pas rester sans emploi politique trop longtemps. « Nous avons perdu l’élection mais gagné les cœurs », a-t-il déclaré avec l’aplomb de celui qui sait que les cœurs ne siègent pas à l’Assemblée.
Le ton est grave, les bras ouverts, le verbe précis : on sent l’homme préparé, rompu à l’exercice. Il parle du peuple, encore et toujours. Celui-là même qu’il n’avait guère le temps de consulter quand il rédigeait des discours présidentiels ou pilotait des réformes venues d’en haut. Mais qu’importe, la mémoire politique est courte, et le Gabonais, généreux.
En bon stratège, Bilie-By-Nze promet l’organisation rapide d’une campagne d’adhésion nationale. Comprenez : les anciens amis du PDG sont invités à changer discrètement de tee-shirt. On reste entre gens de bonne compagnie, mais on repeint la façade. L’idée n’est pas neuve, mais elle fonctionne souvent. Car au fond, dans la République des reconversions express, la constance idéologique est un luxe que personne ne peut vraiment s’offrir.
Le plus savoureux, dans cette annonce, reste toutefois la posture : celle de l’opposant soudainement conscient, de l’ancien cadre du système devenu le porte-voix des sans-voix. Une mue politique qui mériterait au minimum un César du meilleur acteur dans un rôle de composition.
Alors, que retenir ? Qu’Alain-Claude Bilie-By-Nze n’a peut-être pas gagné l’élection, mais qu’il espère bien remporter la bataille du récit. Dans ce nouveau chapitre qu’il s’évertue à écrire, il ne sera plus l’homme de Bongo, mais celui du renouveau – même s’il utilise l’encre du passé pour écrire l’avenir.
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