Les départements de l'Ogoulou et la Louetsi-Bibaka, dans la province de la Ngounié, sont coupés du reste du pays à cause d’un réseau routier impraticable. Tout dernièrement, le gouverneur de cette province n'a pas eu d'autre choix que d'exclure Mimongo et Malinga de sa tournée provinciale eu égard au mauvais état de la route. Avant elle, le ministre des Transports avait lui pris cette décision discriminatoire. Une vraie fuite en avant de ceux qui sont pourtant censés trouver ce bourbier.
Par Wilfrid Kombe Nziengui
Décider de se rendre à Mimongo ou Malinga relève désormais du suicide tant l'état piteux de la route ne garantit aucune sécurité aux usagers. Pourtant, les habitants des deux localités n'ont pas d'autre choix que d'affronter en dépit de ces conditions, une route devenue au fil des ans chaotique, voire une route de tous les dangers. Malgré les courriers envoyés au président de la République, à la Première ministre et au ministre en charge des Transports et des infrastructures, rien n'a été fait. Au contraire, ces populations n'ont eu droit qu'à l'exclusion, comme si elles avaient choisi elles-mêmes ce triste sort.
Long de plus de quatre-vingts (80) kilomètres, l'axe Mouila-Mimongo est impraticable. Bourbiers et ponts défectueux jonchent le parcours. Les rares routiers craignant pour la santé de leurs véhicules attendent deux à trois jours, le temps pour le sol de sécher, avant de reprendre le chemin. Ce qui est lourd de conséquences pour les habitants qui ne peuvent être ravitaillés en produits alimentaires.
Il y a moins de deux semaines, les habitants de Mimongo ont été privés d'électricité et d'eau pendant plus d'une semaine. Le très mauvais état de la route ne permettant pas aux camions-citernes de livrer la Société d'eau et d'énergie (SEEG) en carburant pour le fonctionnement du générateur. Les populations réduites au régime lampe-tempête une fois la nuit tombée. Face au manque d'eau dans les robinets, les habitants n'ont pas eu d'autre choix que de se résoudre à s’alimenter à la rivière. Une souffrance eu égard à la distance à parcourir avec des récipients à la main ou dans une brouette. Un véritable calvaire pour les populations de cette partie du pays qui estiment qu'elles ont été abandonnées par les pouvoirs publics.
« Chaque jour qui passe, la vie se complique. Les dirigeants de ce pays nous ont enlevé le droit à la vie. Si vous êtes privé d'eau, d'électricité, et même de la route, la vie pour vous n'est plus qu'un simple mot. Vous vous rendez compte que pour combler le manque d’eau, à défaut de se contenter de l'eau de la pluie, nous nous rendons à la rivière. Tout cela avec des risques de maladies », explique un habitant de la petite ville des collines.
Dans les foyers, les vivres ont été jetés dans les poubelles, les congélateurs ayant arrêté de fonctionner. Sauf pour certains boutiquiers qui ont pu investir plusieurs années plus tôt dans l'achat des groupes électrogènes pour pallier ce genre d'éventualité. La situation est d’autant plus grave que les populations sont désormais coupées du monde faute d’utiliser les moyens de communication : « Pour alimenter nos téléphones portables, il faut que l’on se rende chez le boutiquier, afin de recharger la batterie, mais moyennant une somme minimale de 500 Fcfa (la charge) », souligne un autre habitant.
Mutisme des autorités politiques
Face au mutisme des autorités politiques, les populations de Mimongo ont plusieurs fois organisé des mouvements d'humeur. Mais ces mouvements n’ont nullement fait réagir les décideurs. Lors de ce mouvement, les habitants de la localité étaient montés au créneau, pour exiger un tronçon routier praticable en toutes saisons, une revendication à laquelle s’ajoutait l'amélioration de leurs conditions de vie.
Une promesse de travailler tous les axes Mouila-Mimongo, en passant par Ekémbelé, Bilengui et Epamboa, avait été annoncée. Plus d’un an après, il n’en est rien. La situation demeure la même. Même si un semblant d'ensoleillement longuement médiatisé a laissé croire que les travaux publics de Mouila étaient à pied d'œuvre pour l'entretien de cette voie.
Le gouverneur de la Ngounié et le ministre des « routes » refusent de s'y rendre
Le nouveau gouverneur de la province de la Ngounié, Paulette Mengue M’Owono a exclu de sa tournée provinciale les départements de l'Ogoulou et de la Louetsi-Bibaka dont les chefs-lieux sont respectivement Mimongo et Malinga. « Le nouveau gouverneur de la Ngounié n'a pas créé la surprise en bravant la difficulté. Elle a pris la décision la plus facile : celle de se rendre partout dans la Ngounié sauf à Mimongo et Malinga. Sans doute pour éviter de voir son gros cylindré 4×4 bloqué sur une route impraticable. Pourquoi n'a-t-elle pas pris tout son courage d'affronter l'état de notre route, pour voir combien nous souffrons ? », s’indigne un habitant totalement désemparé.
Ce n'est pas la première fois qu'une autorité prend une telle décision. Il y a quelques mois, le ministre des Transports Léon Armel Bounda Balonzi, en tournée dans la même province, avait décidé contre toute attente de ne plus se rendre dans le département de l'Ogoulou, où il était question de visiter les sites touchés par les éboulements.
Rappelons que, depuis novembre 2019, les villages Bilengui, Epamboa, Egoumbi, Kanda, Etava, Nombo, situés sur l'axe routier Bilengui-Yeno dans le département de l'Ogoulou sont coupés du pays. Les éboulements et les bourbiers ont rendu tout accès de véhicules impossible. Croyant facilement remédier à cette situation, les jeunes de ces villages avaient pris les pioches et les pelles. Mais au bout de quelques heures, ces derniers avaient renoncé vu la complexité de la tâche. Une situation qui contraint les populations des sept villages à émigrer progressivement vers d'autres cieux abandonnant ainsi la terre de leurs ancêtres.
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