IMG-LOGO
Accueil Article Seize mois sans salaire : c’est la galère pour les délégués de l’ANBG !
Société

Seize mois sans salaire : c’est la galère pour les délégués de l’ANBG !

IMG La directrice générale de l'ANBG, Paule Élisabeth Mboumba Lassy invitée à trouver une solution à cette crise.

Au Gabon, on aime les traditions. Chez nous, il y a la danse du Ndjembé, le rituel du Bwiti… et la très respectée loterie de la dette salariale. À l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG), ce jeu macabre bat des records.

 

Seize mois sans salaire. Vous avez bien lu : seize. Pas un mois, pas deux, pas une petite « irrégularité », non. Seize mois entiers. Et pourtant, chaque jour, ces délégués continuent de travailler. Ils signent des dossiers sensibles, instruisent des engagements décennaux, délivrent des accréditations d’établissements, contrôlent des certificats médicaux… Ils bossent. Par conscience. Par dignité. En retour ? Du mépris, servi sur un plateau d’argent (qu’ils ne toucheront jamais).

 

Et le plus drôle ? L’argent est là. Bien planqué, bien rangé, quelque part entre le Trésor public et la Caisse des dépôts. On parle d’un joli milliard, né du travail même de ces délégués. Un milliard qui pourrait, en théorie, payer leur dû en un claquement de doigts. Mais non. Parce qu’ici, le bon sens n’est pas le bienvenu. On préfère stocker le milliard, peut-être pour le ressortir à la Saint-Glinglin, quand plus personne ne sera vivant pour le réclamer.

 

Et pendant ce temps, la pièce de théâtre continue. Les grands acteurs se succèdent sur scène : en mai dernier, le vice-président Moundounga promettait, la main sur le cœur, que « ça allait se régler rapidement ». Puis son collègue Barro Chambrier a pris la parole pour juger la situation « urgente ». Résultat ? Silence radio. C’est à se demander si le mot « urgent » n’a pas été redéfini au dictionnaire gabonais pour signifier « revenez dans cinq ans ».

 

Quant au ministère des Comptes publics, il joue la carte du mime. On ne voit rien, on n’entend rien, on ne dit rien. Pas un communiqué. Pas un plan. À croire qu’ils ont oublié que ces agents sont payés pour servir l’État, pas pour se nourrir de vent. Car oui, il ne s’agit pas d’une faveur. Pas d’un cadeau de l’État. C’est un salaire. Un droit. Gagné par leur sueur et leur travail. Ce que leur doit la République.

 

Mais la République, elle, a d’autres priorités. Et elle le montre avec un cynisme désarmant : elle entretient sciemment l’injustice, tout en appelant ses agents à la « patience », à la « résilience ». Des mots jolis pour cacher la brutalité d’une violence sociale devenue banale. Alors jusqu’à quand ? Jusqu’à ce que ces hommes et ces femmes craquent ? Jusqu’à ce que la dignité, déjà piétinée, disparaisse complètement ?

 

Le Gabon se vante d’être entré dans une Vᵉ République. Mais il faudrait peut-être commencer par respecter ceux qui tiennent encore les murs de la maison. Parce qu’un pays qui affame ses propres serviteurs est un pays qui organise sa faillite morale.

 

Et pendant que le milliard roupille, les délégués crèvent. Voilà, en somme, le sport national : un marathon de promesses creuses, une course de relais des responsabilités, et au bout… un podium vide. Félicitations, messieurs les décideurs : vous êtes champions toutes catégories du mépris. À ce rythme, même le milliard finira par mourir d’ennui. Et avec lui, le peu de foi qu’il reste dans vos institutions.

Partagez:

0 Commentaires


Postez un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires