Libreville, le 30 octobre 2024 – La formation professionnelle gabonaise est en crise. Suite à une assemblée générale organisée lundi dernier, trois des plus influents syndicats du secteur ont lancé un appel à la grève générale illimitée, laissant planer la menace d’une paralysie complète des centres de formation.
Les syndicats de la formation professionnelle gabonaise, le Syndicat national de formation et d'enseignement professionnel (SYNFEP), le Syndicat de la formation professionnelle (SYFOP), et le Syndicat national des enseignants et personnels de la formation professionnelle (SYNEPFOP), ont décidé d’unir leurs forces pour faire entendre leurs revendications. Cette décision, prise au Centre de formation et de perfectionnement professionnel Basile Ondimba d'Oloumi, intervient après des mois de dialogue infructueux avec le ministère de l'Éducation nationale, aujourd’hui en charge de la formation professionnelle.
Les centres de formation en suspens : des revendications pressantes
Les perturbations dans les centres multisectoriels de formation de Libreville, notamment ceux de Basile Ondimba et Nkembo, ont déclenché un mouvement de grève dont les répercussions se font déjà sentir. Les syndicats réclament des actions concrètes pour répondre à huit principales revendications, parmi lesquelles : la mise à disposition de matériel pédagogique nécessaire, le paiement des vacations en attente, l’harmonisation des indemnités d’enseignement pour tous les centres, la stabilisation et promotion de certains agents à des postes de responsabilité, la mise à la retraite des agents ayant dépassé l’âge de départ, la régularisation des situations administratives et le paiement des rappels de salaire.
Les enseignants et personnels, à bout de patience, estiment que ces revendications sont minimales pour garantir le bon fonctionnement de la formation professionnelle. « Nos centres souffrent d’un manque chronique de ressources et de soutien administratif », confie Marc GNASA, secrétaire général du SYNFEP.
Le dialogue rompu avec le ministère de l'Éducation nationale
Selon les leaders syndicaux, les tentatives de dialogue avec la ministre de l’Éducation nationale, Camélia Ntoutoume Leclercq, sont restées lettre morte. Marc GNASA exprime ainsi son désarroi : « Nous avons été conviés à plusieurs reprises par la ministre, mais ses collaborateurs nous ont chaque fois opposé son indisponibilité, invoquant des raisons variées comme des engagements auprès de la présidence ou des obligations personnelles. » Cette impasse alimente la colère des syndicats, qui accusent le ministère de minimiser les enjeux du secteur de la formation professionnelle, essentiel dans un contexte où le Gabon cherche à diversifier ses compétences pour l’avenir.
Un climat syndical tendu dans un contexte de transition politique
Après un semblant de trêve sociale consécutif à la prise de pouvoir par l’armée le 30 août 2023, le climat social se détériore à nouveau, avec des revendications syndicales en hausse dans plusieurs secteurs. La transition politique semble focalisée sur des réformes constitutionnelles et le référendum prévu pour le 16 novembre prochain. Toutefois, sur le terrain, de nombreux secteurs, comme celui de la formation professionnelle, semblent figés, ce qui irrite les syndicats.
Pour les enseignants et personnels de la formation professionnelle, cette grève représente leur ultime recours. « Nous n'avons plus d'autre choix. Nous espérons que le gouvernement prendra la mesure de nos besoins et agira rapidement », conclut Prince Prospère Engonga, président du SYFOP.
Alors que le gouvernement de transition continue de naviguer entre réformes politiques et attentes sociales, la situation dans le secteur de la formation professionnelle met en lumière les défis auxquels le Gabon reste confronté pour stabiliser son paysage éducatif et professionnel. Entendu que l'une des premières ambitions phares des nouvelles autorités, affichées au lendemain de leur prise du pouvoir reste le plein emploi. Mais comment parler de plein emploi en laissant la formation professionnelle à l'abandon, se demandent les syndicalistes.
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