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MITZIC : quand la politique se joue au bruitage « poh poh poh »

IMG Jean François Ondo Eyime, l'homme qui a déclaré Bilié-By-Nze indésirable à Mitzic.

Le débat démocratique au Gabon vient d’entrer dans une nouvelle ère : celle où les arguments politiques se résument  à des bruits d’armes imaginaires et des menaces de mort publiques. À Mitzic, un certain Jean François Ondo Eyime, manifestement inspiré par les productions hollywoodiennes, a décidé d’offrir une performance digne d’un film d’action, en promettant à Alain-Claude Bilie-By-Nze un accueil pour le moins musclé.

 

Un militantisme… explosif

Il est de ces scènes qui rappellent que la politique, au Gabon, peut parfois prendre des airs de tragédie shakespearienne, avec une touche de comédie burlesque. Ce jeudi 13 février 2025, alors que l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze et sa plateforme Ensemble pour le Gabon achevaient une tournée dans le septentrion, ils ont été accueillis à leur retour à l’hôtel par une foule particulièrement hostile.

Au milieu de l’agitation, un homme, Jean François Ondo Eyime, vêtu d’un simple t-shirt mais armé d’une grande audace, s’est improvisé porte-voix de la jeunesse en colère. Son discours, bref mais percutant : « Filmerez, si Bilie-By-Nze traverse là, je lui mets les plombs poh poh poh ! C’est préparé, tout est là. S’il veut la paix, il fait marche arrière ! » Voilà donc la nouvelle méthode de dissuasion politique : pas de débats, pas d’arguments, juste une menace et une bande-son digne d’un blockbuster.

 

Une démocratie au son des balles fictives ?

Ce spectacle pathétique en dit long sur l’état du débat démocratique au Gabon. Depuis le coup d’État du 30 août 2023, l’espoir d’un renouveau politique était permis. Mais à voir ce type d’excès se multiplier, on se demande si la violence verbale et l’intimidation ne sont pas en passe de devenir la norme. Car si la rhétorique politique se résume désormais à des bruitages de fusillade, que restera-t-il du dialogue et du respect des oppositions ?

Plus inquiétant encore, l’absence de réaction des autorités. Car si la menace de mort est punie par l’article 240 du Code pénal jusqu’à cinq ans de prison et deux millions de francs d’amende –, personne, pour l’instant, ne semble s’en émouvoir. Faut-il en déduire que certains militants bénéficient d’une immunité de fait lorsqu’ils s’en prennent à des figures de l’opposition ?

 

Une impunité dangereuse

Laisser passer de tels débordements, c’est encourager une escalade. Aujourd’hui, ce ne sont que des mots et des bruitages, demain, ce pourrait être bien plus grave. Si Alain-Claude Bilie-By-Nze – ou toute autre victime potentielle ne saisit pas la justice, ce précédent risque de légitimer des comportements encore plus violents.

En attendant, Jean François Ondo Eyime, qui se croyait sans doute en plein tournage d’un film d’action, ferait bien de réviser ses classiques juridiques. Car s’il est vrai que « l’ignorance du droit porte préjudice », l’aveuglement politique, lui, peut coûter bien plus cher. 

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