Le mercredi 27 novembre 2024, alors que la cloche annonçait la fin du premier trimestre scolaire et le début des vacances, un autre genre de son a résonné dans les couloirs du ministère de l’Éducation nationale : celui des manifestants. Non, ce n'était pas des élèves revendiquant plus de temps sur leurs jeux vidéo ou des enseignants exigeant des salles de classe plus modernes. Non, ces manifestants étaient bien plus inattendus : les auxiliaires de sécurité scolaire, ces invisibles travailleurs de l'ombre, ont décidé qu'il était temps de sortir de l'anonymat pour réclamer leurs droits. Et leurs droits, c’est un peu plus qu’une tape sur l'épaule et un "merci pour votre travail".
Les invisibles du système éducatif : Les Gardiens Sans Armure
Pour beaucoup, les auxiliaires de sécurité scolaire sont ces figures familières, toujours présentes à l’entrée des établissements, faisant office de vigiles, de médiateurs, voire de thérapeutes pour certains élèves en détresse. Leur mission ? Assurer la sécurité des écoles, intervenir contre les violences scolaires, et empêcher que l’établissement ne se transforme en terrain de guerre, comme cela arrive parfois dans les cours de récréation où les bagarres font office de sport national. Un job noble et essentiel, vous en conviendrez.
Mais il y a un petit hic dans cette belle histoire : ces héros, souvent moins bien rémunérés qu’un intérimaire dans un supermarché, sont en réalité des travailleurs précaires, et leur mission de sécurité commence par une lutte pour leur survie. "On n’est pas ici pour jouer les figurants", clament les manifestants, sous le regard peu rassurant de leurs collègues, qui n’ont pas vu leur salaire arriver depuis… quatre mois. Quatre mois ! Mais pas de panique, ils sont habitués à jongler avec les retards. Il paraît que l’administration aime particulièrement le concept de « paiement à la fin du mois »… ou du trimestre.
La revendication principale de ces courageux travailleurs est simple : des salaires réguliers à la place de ces fameuses indemnités qui arrivent souvent avec des mois de retard. Des indemnités que l'on peut parfois qualifier de « mirages financiers », comme si chaque mois, un petit lutin se cachait derrière un bureau pour décider de leur distribution. "On veut un vrai salaire, pas un ticket de loterie", ironise l'un d’eux. Parce que, entre nous, les indemnités sont censées être des compensations, pas des bonbons offerts pour adoucir la pilule.
La situation est d’autant plus préoccupante que ces agents sont confrontés à des conditions de travail loin d’être glamour : un statut officiel dans le système éducatif ? Plutôt un vœu pieux qu’une réalité tangible. "On n'a même pas de statut", explique un manifestant, "on est des travailleurs invisibles, c'est comme si on existait uniquement pour que les enfants soient en sécurité… sauf nous, évidemment."
La Double Peine : Travailler sans Sécurité Sociale
Mais la cerise sur le gâteau (ou plutôt le coup de grâce) est leur situation sociale. L'absence de cotisations sociales régulières à la CNSS et à la CNAMGS place ces travailleurs dans une situation de précarité extrême. En gros, ces vaillants auxiliaires doivent jouer à la roulette russe : travailler sans couverture médicale décente et, dans le meilleur des cas, espérer ne pas tomber malade. Si l’un d’eux se blesse dans l’exercice de ses fonctions (par exemple, en essayant de maîtriser un élève un peu trop énergique), il devra se contenter de la charité publique, ou se rendre à l'hôpital en espérant que le personnel soit plus prompt à soigner que l’administration à payer.
Cette situation survient dans un contexte déjà tumultueux pour le ministère de l’Éducation nationale. Entre une gestion chaotique des revendications des enseignants et une gestion catastrophique des budgets, ce ministère semble être une véritable école de gestion de crise. Il est d’ailleurs étonnant qu’une institution censée assurer l’éducation ne parvienne pas à assurer le bien-être de ses propres travailleurs. Cela fait quand même tache pour un ministère dont la mission est de former les futurs leaders du pays. Car pour former des citoyens responsables, encore faut-il que ceux qui veillent à leur sécurité soient eux-mêmes considérés comme des citoyens de seconde zone.
Un Appel au Président : "M. Oligui, Sauvez-nous ! On est Prêts à Tout, Même à Demander de l'Aide"
Face à cette situation qui n’a que trop duré, les auxiliaires de sécurité scolaire ont décidé d’interpeller directement le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Ils espèrent que leur appel à l'aide ne se noiera pas dans l'océan des promesses électorales et que, enfin, un changement tangible aura lieu. "On ne peut pas continuer à travailler dans ces conditions. Si les élèves sont l'avenir du pays, nous, on est censés être les sentinelles de cet avenir", déclarent-ils, résolus à obtenir une réponse.
Les vrais Gardiens de l’Éducation ? Toujours Sans Garde-Avance
La situation des auxiliaires de sécurité scolaire met en lumière une problématique beaucoup plus large : comment peut-on garantir la sécurité des élèves dans un système qui ne garantit même pas la sécurité financière de ses propres employés ? La question reste ouverte, mais les manifestants ne comptent pas se laisser intimider par des promesses vagues et des discours politiquement corrects.
Le gouvernement, s’il ne veut pas voir ces travailleurs essentiels se transformer en déserteurs, devra rapidement prendre des mesures concrètes pour améliorer leurs conditions de travail. Parce qu’au final, si la sécurité des écoles dépend de leur présence, la sécurité de leurs conditions de vie devrait aussi faire partie du programme. À moins que la "sécurité scolaire" ne se résume qu’à un concept abstrait... mais, après tout, l’absurde semble être devenu la norme dans le système éducatif gabonais.
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