IMG-LOGO
Accueil Article Vaudeville au PDG : depuis Londres Ali Bongo exige au couple « Louembe-Ngoma » de libérer le siège de son PDG
Politique

Vaudeville au PDG : depuis Londres Ali Bongo exige au couple « Louembe-Ngoma » de libérer le siège de son PDG

IMG Ali Bongo restructure son PDG.

« La main qui signe vaut plus que le corps qui tremble. » C’est donc depuis Londres, au chaud dans les brumes de la City, qu’Ali Bongo Ondimba, ancien président déchu du Gabon, a décidé de relancer la machine PDG. Une note, circulant comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, signée du fameux « Distingué Camarade Président », somme le pauvre Luc Oyoubi de procéder à l’installation, séance tenante, du nouveau   secrétaire général du Parti démocratique gabonais ,  Ali Akbar Onanga Y’Obégué. Et si Oyoubi ne s’exécute pas ? Qu’à cela ne tienne : Onanga est autorisé à prendre d’assaut le siège du parti « sans autres formalités ».

 

On croyait Ali Bongo retiré de la vie politique, relégué aux salons feutrés de Mayfair après avoir été débarqué du pouvoir par le général Oligui le 30 août 2023, et voilà qu’il fait savoir qu’il tient toujours la laisse du vieux mastodonte politique fondé par son père en 1968. À Libreville, la scène prête à rire : le PDG devient le théâtre d’un vaudeville où les acteurs principaux ne jouent même plus dans le même pays.

 

Le PDG, ce cadavre exquis que chacun tire par la manche

Car enfin, de quoi parle-t-on ? D’un parti exsangue, qui n’a toujours pas su digérer la chute du Bongoïsme, et qui s’est scindé en deux courants : les « loyalistes » autour d’Onanga, qui ne jurent que par le patriarche exilé, et la faction « Louémbé-Ngoma », qui s’est précipitée dans les bras d’Oligui, l’homme fort de la transition. Dans ce contexte, Ali Bongo nous gratifie d’un ordre tonitruant pour remettre son pion sur l’échiquier.

 

On se croirait revenu à l’époque des circulaires présidentielles tombant comme des foudres sur les ministères sauf qu’ici, la foudre est tombée à côté du paratonnerre. Comment, depuis Londres, imposer une autorité qui a déjà été désavouée par les urnes, renversée par les armes, et désertée par une bonne partie des militants ?

 

Le PDG, héritage ou coquille vide ?

À vrai dire, le PDG ressemble de plus en plus à une vieille carcasse politique que ses héritiers légitimes et autoproclamés se disputent par réflexe, plus que par conviction. On se bat pour la marque, pour l’appareil, pour les bureaux du siège, mais le parti lui-même n’a plus d’âme, ni de boussole idéologique. Un parti à vendre, pour ainsi dire et Ali Bongo le rappelle opportunément à ceux qui en auraient douté : « le propriétaire, c’est moi ».

 

C’est là toute l’ironie de la manœuvre : un homme qui avait annoncé son retrait définitif de la politique en septembre 2024 revient, neuf mois plus tard, signer une note de nomination avec la même solennité impériale qu’autrefois. À croire que l’ancien président a toujours du mal à comprendre que le Gabon a changé.

 

Pourquoi maintenant ? Le timing ne trompe pas : les législatives et locales arrivent à grands pas, et Ali Bongo compte bien rappeler qu’il existe encore, au moins sur le plan symbolique. C’est son « rappel à l’ordre » ou plutôt son « rappel à la vie » politique, qui dérange dans un contexte où Oligui semble encore peiner à installer définitivement son pouvoir sur les ruines du système Bongo.

 

Dans les cercles du pouvoir actuel, on rit jaune. À la présidence, on ironise sur « le roi exilé qui veut encore gouverner par procuration », tandis que chez les militants du PDG, certains se disent soulagés de voir quelqu’un redonner un peu de flamme à ce qui ressemble de plus en plus à une veilleuse.

 

Et maintenant ?

Sur le fond, cette sortie traduit une incapacité chronique de la classe politique gabonaise à tourner la page. Ali Bongo reste prisonnier d’un héritage dont personne ne veut vraiment, mais que tout le monde continue d’exploiter faute de mieux. Et le PDG reste cette vache sacrée que chacun prétend traire, même si elle ne donne plus de lait. On ne sait pas encore si Onanga Y’Obégué aura les coudées franches pour reprendre la boutique en main, ni si la faction Louémbé-Ngoma se laissera faire sans résistance. Mais une chose est certaine : cette pièce en plusieurs actes promet encore quelques rebondissements et beaucoup de théâtre.

Quand la nostalgie gouverne mieux que la raison

Ali Bongo a signé son retour sur le devant de la scène… avec un stylo, pas avec une stratégie. Cela suffira-t-il ? Ou est-ce juste un baroud d’honneur d’un exilé qui ne veut pas se résigner à devenir un spectateur ? À Libreville, on guette. Et comme le dit un proverbe bien de chez nous : « Quand le vieux lion rugit, les jeunes se demandent encore s’il a des dents. »

Partagez:

0 Commentaires


Postez un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires