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Grève à SATRAM ALOGIS : la tragédie silencieuse

IMG La grève persiste à SATRAM.

Port-Gentil, Owendo, Libreville. Trois noms, trois villes, trois points d’ancrage d’une même tragédie silencieuse : celle des travailleurs de SATRAM ALOGIS, piégés depuis des années dans une spirale d’injustices, de précarité et de mépris institutionnalisé. Ce qui devait être une grève syndicale est devenu un acte de survie. Ce qui devait être un redressement économique s’est mué en une entreprise de déshumanisation.

 

Une entreprise sinistrée, une direction indécente

Il y a tout juste 16 jours, les salariés de SATRAM ALOGIS, exaspérés, ont décrété une grève illimitée. Pour cause : salaires impayés depuis février, conditions de travail inacceptables, et une direction managériale qui oscille entre amateurisme et sadisme social. Mais, dans ce pays, quand des travailleurs crient famine, les autorités sortent les bouchons d’oreilles.

 

À leur tête, Olivier Constant Nzué, un directeur général au cynisme glacé, dont la seule compétence démontrée semble être son mépris du Code du travail. Accompagné de son « inspectrice des ports » (poste manifestement créé sur mesure pour la mangeoire), le directeur aurait déclaré aux délégués : « Je ne vais pas me masturber intellectuellement pour vous. » Une phrase qui, à elle seule, mériterait un licenciement pour faute lourde… dans tout pays normalement constitué.

 

À SATRAM, la loi du plus fort… ou du plus mafieux

Mais SATRAM n’est pas une entreprise comme les autres. C’est un laboratoire d’impunité où la loi du travail est réécrite par les puissants, pour les puissants. Une zone de non-droit où les prédateurs s’enchaînent à la tête de la société avec la bénédiction silencieuse de l’État. Said Znaki, ex-DG, aujourd’hui accusé de détournements massifs, serait tranquillement installé à Moanda, où il aurait même créé une entreprise concurrente… avec les biens volés de SATRAM. Aucun procès. Aucun mandat. Aucune enquête sérieuse. Pourquoi ? Parce qu’il serait, selon plusieurs sources, protégé par un fils du chef de l’État. Silence, on pille.

 

L’actuel repreneur, Tarik Jakhoukh, fils prodigue ou fossoyeur en herbe, s’est installé dans les pas de son prédécesseur avec une aisance déconcertante. Lui et son compère Nzué se partagent la gestion de l’entreprise comme d’un bien familial. Pendant que les ouvriers crient, eux rigolent. Pendant que les caisses se vident, leurs comptes s’engraissent. Et pendant ce temps, Ali Bardai, ancien directeur d’exploitation, mis en cause dans plusieurs malversations, continue de tirer les ficelles, dans l’ombre, tel un marionnettiste sans scrupules.

 

Le mystère des milliards disparus

Les chiffres donnent le vertige. Où est passé l'argent de la vente du bois de Rembokoto ? Qu’a-t-on fait de celui généré par la location des barges et pousseurs pour la centrale en eaux profondes ? Pourquoi le milliard versé par l'État pour la relance du site de Port-Gentil ne figure-t-il dans aucune comptabilité ? Pourquoi les revenus des contrats en cours n’apparaissent nulle part ?

À ces questions, la direction oppose l’opacité comme réponse officielle. Le ministère des Transports ? Aux abonnés absents. Le ministère du Travail ? Complice par passivité. Et la présidence ? Silencieuse comme une crypte.

 

Un DG mégalomane avec des ambitions parlementaires

Cerise amère sur le gâteau de l’absurde : Olivier Constant Nzué nourrit l’ambition de devenir député, histoire de bénéficier de l’immunité parlementaire pour échapper à toute poursuite future. Il ne lui manque plus qu’un slogan : « Votez pour moi, je vole mieux que les autres. » Mais, chers Gabonais, ouvrez l’œil. Et surtout, n’ouvrez pas vos bulletins pour ce genre de prédateur. SATRAM est déjà en ruines. Le Parlement n’a pas besoin d’un bulldozer de plus.

 

Et l’État dans tout ça ?

L’État gabonais, censé être le principal créancier de SATRAM ALOGIS, continue d’observer le naufrage avec une nonchalance criminelle. Aucun audit exigé. Aucune mesure de redressement. Aucune publication légale dans le Journal Officiel. Même la reprise de la société s’est faite dans une opacité totale, digne d’un casse du siècle. Sommes-nous encore dans un pays de droit ou dans une jungle légalisée ? La justice gabonaise, si prompte à condamner le petit voleur de mangues, serait-elle allergique aux cravates et portefeuilles bien garnis ?

 

Il est temps d’arrêter le massacre

SATRAM ALOGIS n’est pas un simple fait divers social. C’est le miroir d’un État défaillant, d’une justice sélective et d’une élite vorace. C’est le symbole d’un Gabon où le travail ne paie pas, où le courage est méprisé et où le silence tue. Aux salariés en grève, ne lâchez rien. Car vous ne vous battez pas seulement pour des salaires. Vous vous battez pour la reconnaissance de votre humanité. Et à ceux qui dirigent encore, écoutez bien ceci : la colère des travailleurs est une marée lente, mais elle finit toujours par tout emporter.

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1 Commentaires

Lulu - Jul 14, 16:13

Oooh merci beaucoup pour ce reportage je DIT UN AMEN FORT A TOUS CE QUI EST ECRIT JE N'AIS PLUS DE MOTS JUSTE QUE CETTE QUE L'ÉTAT CE SOUVIENNE DES EMPLOYÉ QUE DIEU VOUS BENISSE RICHEMENT DEPUIS FÉVRIER JE CRIS FAMINE JUSQU 'AUJOURD'HUI JAI FAIM PAS DE SALAIRE VENEZ NOUS EN AIDE CEST GRAAAAVE CEST SERIEUX NOUS SOUFFRANT 45 MOIS IMPAYÉS DEPUIS 2017 2018 ETC ETC JUSQU'A 2025 CEST FORT NOUS SURVIVANT PAR LA GRÂCE DE DIEU METCI ENCORE


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