La crise au sein du parti RÉAGIR n’en finit plus d’alimenter la chronique politique. Ce qui était, au départ, une simple querelle de cour de récréation entre leaders se transforme désormais en feuilleton judiciaire. Entre accusations de népotisme, exclusions jugées illégales et décisions unilatérales, le parti semble avoir trouvé sa voie : celle de la confusion totale.
Persis Lionel Essono Ondo, le président intérimaire que personne n’avait vu venir (sauf peut-être lui), a déposé une plainte pour faire cesser ce qu’il appelle des « troubles orchestrés » par son rival Jean Valentin Leyama et ses alliés. Le tribunal, qui s'apprête à rendre son verdict le 4 décembre prochain, aura donc la lourde tâche de départager deux factions qui se disputent un poste devenu aussi convoité qu’une place au soleil en pleine saison des pluies.
Il faut dire que l’affaire est cocasse. D'un côté, Essono Ondo, le prétendant légitime, qui juge nécessaire d'apporter « des actions légitimes pour l’avenir du parti » (ce qui reste à prouver), et de l'autre, une faction d’opposants, menée par Jean Valentin Leyama, qui estime que le parti est en danger de « prise d’otage » par un petit groupe qui s’arroge tous les privilèges. Il est vrai que, dans le monde politique, parler de prise d’otage au sein d’un parti où la démocratie interne semble aussi étouffée que l'air d'un sauna est plutôt ironique.
Et puis, il y a le fameux référendum constitutionnel d'août 2024, qui semble être le clou du spectacle. Le soutien public du parti à la réforme constitutionnelle, sans consulter le bureau exécutif, a fait des vagues. Il n'en fallait pas plus pour faire déborder le vase. D’un côté, on soutient le « Oui » sans demander l’avis de ses troupes, et de l’autre, certains membres du bureau exécutif jugent que cela ressemble davantage à un coup d'État qu’à une simple consultation populaire. Ah, la démocratie interne, ce petit détail qui semble échapper à tout le monde.
Le coup de maître, cependant, reste sans doute l’exclusion des deux dirigeants en place, François Ndong Obiang et Persis Lionel Essono Ondo, annoncée le 11 novembre. Mais attention, mesdames et messieurs, l’exclusion a été décidée lors d'une réunion qualifiée d'irrégulière. Voilà donc un scénario digne d’une série policière où les héros se retrouvent acculés, à la fois coupables et victimes.
Les protagonistes, qui n’ont de cesse de se déclarer « légitimes », finissent par nous rappeler que, dans ce parti, tout est une question d’interprétation des statuts. Mais alors, quelle est la réalité ? S'agit-il vraiment d’une bataille pour la survie du parti, ou simplement une querelle de leadership qui, au fond, ne préoccupe que ceux qui en tirent les ficelles ? À en juger par les déclarations réciproques d'illégalité, il est évident que la vérité appartient à celui qui est le mieux placé pour la déformer.
L’heure du jugement approche, et avec elle, une question fondamentale : RÉAGIR… mais pour quoi faire ? La justice, qui devra trancher cette épineuse question, aura-t-elle le courage de remettre de l’ordre dans cette cacophonie ? Ou bien assistera-t-on simplement à un énième éclatement, une nouvelle scission dans ce monde politique où la loyauté se mesure au nombre de défections ?
Le 4 décembre pourrait bien être la date clé qui décidera non seulement de l’avenir de RÉAGIR, mais aussi de celui des partis politiques gabonais, toujours aussi prompts à se diviser au moindre accroc. Si cette crise se termine en une nouvelle tendance, elle fera sans doute le bonheur de ceux qui aiment voir le verbe « diviser » appliqué à la politique. Mais, au fond, est-ce vraiment une surprise ? Les partis politiques gabonais ont plus de facettes qu’un diamant mal taillé. Affaire à suivre… mais n'attendez pas trop pour réagir.
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