L'ancienne Première Dame du Gabon, Patience Dabany, 83 ans, revient d’un séjour médical en France après deux mois de soins intensifs. Un retour qui réjouit, à la fois ses proches et la sphère politique, mais soulève aussi des interrogations quant à l'avenir de ses performances tant sur scène que dans l'arène politique.
"Retour en forme", voilà ce que l’on nous annonce avec un enthousiasme presque thérapeutique. Le vol régulier d’Air France, emprunté par Patience Dabany, a atterri à Libreville samedi soir, soulageant les Bongo, Ali en tête, et les Gabonais, qui avaient sans doute le cœur à l’inquiétude. Les rumeurs de sa détérioration avaient, en effet, laissé place à un grand vide politique… et musical. Il faut dire que le pays avait bien du mal à se passer de sa voix et de sa personnalité charismatique. Mais qu’est-ce qui retient réellement l’attention ? Son retour triomphal ou la manière dont elle a traversé les vagues politiques tumultueuses ?
Un retour en forme, disons-le tout de suite, qui n'est pas sans ironie. Il y a quelques mois encore, Patience Dabany semblait être en guerre avec l’homme fort du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguéma. Après le coup d’État qui a renversé son fils, Ali Bongo, la "Mama" avait exprimé son mécontentement dans une vidéo virale. Ses mots, acides comme un citron pressé, dénonçaient l’arrestation de son fils et l’interdiction de lui rendre visite. “Je veux seulement voir mon fils, soigner son pied et son bras”, hurlait-elle, non sans une pointe d’ironique impuissance, tandis que le général Oligui Nguéma faisait des apparitions publiques aussi rassurantes qu’un lion en cage.
Mais qui aurait cru que, malgré cette guerre verbale, Brice Clotaire Oligui Nguéma, notre nouveau sauveur du pays, viendrait personnellement à la rescousse de "La Mama", prenant en charge ses soins médicaux ? Une nouvelle ère ? Une réconciliation improbable ? Ou peut-être simplement une question de stratégie politique, histoire de redorer son image après avoir affronté l’énigme des Bongo.
Ainsi, Patience Dabany, icône de la musique gabonaise et ex-femme du président Omar Bongo, semble avoir retrouvé sa place dans la lumière, ou plutôt, dans un nouveau rôle d’héroïne politique. De son hospitalisation en France à son retour triomphal, le tout sous la surveillance attentive des réseaux sociaux, elle incarne aujourd’hui à la fois la sagesse, l’audace et… la critique douce-amère du pouvoir.
Et la question se pose : si le retour de "La Mama" est une victoire de la santé, est-ce aussi une victoire de la politique ? Quelles seront ses prochaines sorties ? Continuera-t-elle de dénoncer la politique du régime en place, ou se contentera-t-elle d’offrir à ses fans un concert de réconciliation ? On imagine déjà les feux de la rampe, les regards avides des journalistes, et les regards furtifs des politiciens, tous scrutant les moindres gestes et paroles de l'ex Première Dame.
Rien n'est jamais simple en politique, mais il faut saluer la résilience de Patience Dabany, une femme qui, à 83 ans, semble plus que jamais prête à marquer son empreinte. Après tout, elle a survécu à Omar Bongo, à Ali Bongo et même à un coup d’État. Si ce n’est pas de la ténacité, cela y ressemble fort.
Les prochains mois s’annoncent fascinants : entre musique, politique et rebondissements inattendus, Patience Dabany, qui a su garder son pouvoir de conviction et son énergie, pourrait bien jouer un rôle clé dans l’équilibre fragile du Gabon post-Bongo. Et même si la politique ne lui va peut-être pas aussi bien que la scène, il serait bien imprudent de sous-estimer "La Mama".
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