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Frontière, verdict et géographie à la gomme : et maintenant, que deviendront les peuples ?

IMG Les populations plongées dans la confusion.

Il y a des jours où l’on se réveille gabonais sans le savoir. Ce lundi 19 mai 2025, la Cour internationale de Justice a tranché. Le droit international a parlé, les cartes sont à redessiner, les discours à réécrire, et surtout… les identités à repenser. Mais que deviendront les populations concernées, elles, qui n'ont rien demandé sinon la paix, la stabilité et... un bon réseau téléphonique ?

 

Depuis La Haye, c’est une déclaration de principe, un arrêt historique, une victoire diplomatique pour Libreville. Dans les villages de la périphérie de Mongomo, c’est plutôt un sentiment de douce confusion. On parle fang, on prie le même Dieu, on vit sous le même climat équatorial, mais voilà : hier équato-guinéens, aujourd’hui gabonais en théorie.

 

La géopolitique façon puzzle

D’un coup de plume néerlandaise, on recolle les morceaux de la Convention franco-espagnole de 1900, document poussiéreux qui, apparemment, a plus de valeur que la mémoire collective des habitants. Car si la justice internationale sait dire à qui appartient un bout de forêt, elle semble moins se soucier de ceux qui y dorment, mangent, se marient et élèvent leurs enfants depuis des générations.

 

La Guinée équatoriale perd des terres, le Gabon en gagne. Bravo. Et les populations dans tout ça ? Transferts administratifs ? Nouvelle carte d’identité ? Seront-elles accueillies comme des frères retrouvés ou comme des étrangers naturalisés ? Seront-elles soignées dans les hôpitaux de Makokou ou oubliées entre deux bureaux d’état civil débordés ?

 

Fier d’être gabonais, mais hier j’étais quoi ?

À Ebebiyin, certains habitants redoutent le flou post-verdict. « On ne sait pas si on doit garder notre président ou apprendre l’hymne gabonais », glisse un commerçant, mi-ironique, mi-inquiet. Car Mongomo, ce n’est pas juste une ville : c’est le berceau politique de Teodoro Obiang. Et un berceau, ça ne se déplace pas sans casser quelques jouets.

 

La satire de la situation, c’est que la justice semble ignorer le bon sens. Et surtout l’humain. À force de jouer aux géographes de salon, on oublie que derrière chaque frontière disputée, il y a des gens, pas juste des lignes. Le vrai défi n’est pas de peindre une nouvelle frontière, mais d’éviter d’y tracer des fractures.

 

Et maintenant ?

Libreville jubile, Malabo rumine, et les habitants eux attendent. Une carte ne fait pas une patrie. Un jugement ne crée pas un sentiment d’appartenance. Il faudra plus que des décrets et des tampons pour que ces populations adoptent spontanément leur nouvelle nationalité, s’y reconnaissent, et surtout y soient reconnues. Le Gabon a gagné des hectares. Mais saura-t-il gagner les cœurs ?

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