Il est parti comme il est venu : dans un murmure feutré, digne des salons capitonnés de la République. Ce dimanche 4 mai 2025, Raymond Ndong Sima a remis sa démission de Premier ministre de Transition, rôle qu’il occupait avec une élégance discrète et une utilité politique savamment mesurée. Officiellement, le communiqué présidentiel parle d’un « homme d’expérience et de devoir ». Officieusement ? D’un fusible qui n’a jamais sauté.
C’est donc la fin d’un épisode institutionnel où la Transition aura eu, plus souvent qu’à son tour, le goût d’une pause bien trop longue sur un vieux disque rayé. Un gouvernement de Transition qui aura surtout su... transiter : les responsabilités ? Transitées. Les réformes ? Transitées. Le pouvoir ? Accaparé en douceur, en haut lieu, pendant que Ndong Sima s’appliquait à lire avec gravité les discours qu’il n’avait pas écrits.
Rappelons-le : cet ancien opposant, recyclé comme chef de gouvernement par décret présidentiel au lendemain du coup d’État du 30 août 2023, avait pour mission de « stabiliser » le pays. Stabiliser, oui, mais surtout éviter de déranger. Tel un gardien de nuit dans un bâtiment en rénovation, Ndong Sima aura allumé la lumière quand on le lui demandait et fermé les portes quand le vent soufflait trop fort.
Et maintenant ? Le rideau tombe. Le poste de Premier ministre est supprimé – purement et simplement. La Vème République, dans sa sagesse toute neuve, préfère un vice-président du gouvernement, un titre certes plus court mais encore plus flou. L’argument avancé : rationaliser l’action publique. En langage courant : verrouiller davantage, centraliser mieux, déléguer moins.
On nous promet que cette réforme va clarifier les chaînes de commandement. La réalité ? C’est surtout une manœuvre brillante pour consolider le pouvoir présidentiel.
Mais attention : Raymond Ndong Sima n’a pas tiré sa révérence pour autant. Dans ce théâtre politique, les anciens Premiers ministres sont comme les vieux meubles coloniaux : encombrants, mais trop précieux pour être jetés. Déjà, certains l’imaginent en émissaire spécial, en président du Conseil des sages (quand il existera), ou en grand témoin de la République. Après tout, un homme qui a servi Ali Bongo, puis participé à sa chute, puis servi son tombeur, a prouvé qu’il savait changer de costume sans froisser la doublure.
Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires