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Deux jeunes femmes prises en flagrant délit de transport de stupéfiants : la remise en liberté qui fait scandale

IMG Les deux accusées, Gaina-Vanelle Mengue m’Ondo et Nicole Frieda-Folyse Obame Maganga.

Voilà un scénario digne d'un film à suspense, mais cette fois, l'intrigue ne se joue pas sur grand écran. Deux jeunes femmes, prises en flagrant délit de transport de stupéfiants, ont récemment été arrêtées à Meyo-Kyé, aux portes du paradis douanier entre le Gabon, le Cameroun et la Guinée Équatoriale. Leur plan ? Dissimuler près de 300 comprimés de Tramadol et du chanvre indien dans… des serviettes hygiéniques. Qui l’eût cru ? Une méthode si originale qu’elle frôle le génie criminel… ou la naïveté ? Une découverte qui a été saluée par une réaction des plus inattendues : leur relaxe. Oui, vous avez bien lu.

 

Quand les gendarmes font le job, mais que la justice fait la sieste

 

Les deux accusées, Gaina-Vanelle Mengue m’Ondo et Nicole Frieda-Folyse Obame Maganga, pensaient sans doute que le combo "femme, serviette hygiénique, et Tramadol" passerait inaperçu. Malheureusement pour elles, les gendarmes de Meyo-Kyé, réputés pour leur vigilance sans faille, ont mis un terme à leur trafic en flagrant délit. La scène digne d'un contrôle de sécurité de niveau « expert » s’est déroulée lors d'une fouille corporelle minutieuse, au cours de laquelle la marchandise illicite, soigneusement emballée dans des protections hygiéniques, a été mise à jour. Un coup de maître des forces de l’ordre, non ? Eh bien, pas tout à fait. Parce qu’après avoir été entendues, les deux trafiquantes ont été remises en liberté provisoire. Une décision prise par le parquet d’Oyem, que l’on imagine à peine en train de siroter un thé en attendant que les choses "se calment" de leur côté.

 

Ce retournement de situation a laissé plus d’un observateur pantois. Si le trafic de drogue est une priorité pour les autorités, pourquoi accorder une relaxe aussi rapide à deux femmes prises en flagrant délit, avec des substances aussi dangereuses en leur possession ? La justice semble parfois jouer dans un autre registre, celui où l’oubli semble plus tentant que la fermeté.

 

L’histoire ne s’arrête pas là. Ces deux dames, résidant en Gabon, n’ont pas simplement été attrapées avec quelques comprimés pris au hasard. Non, leur petit commerce venait de Kyè-Ossi, au Cameroun, où elles s’étaient procuré 300 comprimés de Tramadol pour la modique somme de 150 000 CFA (environ 230 euros). Leur objectif ? Les revendre aux orpailleurs des environs, un marché en plein essor dans la région. Il faut dire qu’entre le trafic de ressources naturelles et celui des substances illicites, les chantiers d’orpaillage semblent être le carrefour des bons et mauvais deals. Un business qui répond à une demande croissante, surtout parmi les jeunes travailleurs épuisés, et ce n’est pas l’une des deux suspectes, Gaina-Vanelle, qui dira le contraire. Elle aurait élargi ses activités commerciales pour inclure la vente de drogues.

 

Malgré la vigilance des gendarmes, l’affaire soulève de sérieuses interrogations sur l’efficacité de la lutte contre le trafic de drogue dans le pays. Le Gabon, engagé dans une lutte acharnée contre la corruption et le trafic de stupéfiants, semble toutefois avoir un maillon faible : la justice elle-même. Alors que les autorités redoublent d’efforts pour endiguer la circulation des drogues, ces mêmes drogues semblent trouver un chemin tout tracé entre les mains des acteurs judiciaires et policiers. Le paradoxe est flagrant. D'un côté, des contrôles de plus en plus serrés, de l'autre, une main de fer qui semble se transformer en gant de velours dès qu'il s'agit de rendre une décision de justice.

 

Et les habitants de Meyo-Kyé ne s’y trompent pas : si les gendarmes sont devenus les héros de l’histoire, les juges risquent de finir comme des figurants oubliés dans une série qui ne fait plus recette. L’absence de répercussions sévères pour des individus impliqués dans un trafic de drogues qui détruit des vies – en particulier celles des jeunes – ne fait qu'alimenter un climat de méfiance grandissant. Peut-être que la prochaine fois, ces dames choisiront de dissimuler leurs stupéfiants dans des bocaux de confiture, avec une petite étiquette "produit artisanal" pour passer inaperçues.

Le trafic de drogues au Gabon : une guerre de tous les instants ?

 

Les autorités gabonaises, malgré leur discours de fermeté, sont confrontées à une réalité bien plus complexe. Les réseaux de trafic de drogue sont en constante évolution, se réinventant pour échapper aux contrôles. En parallèle, la justice semble parfois au ralenti, incapable de suivre le rythme de la répression policière. L’enjeu est de taille : à Meyo-Kyé comme ailleurs, la drogue fait des ravages, et la jeunesse gabonaise est plus que jamais exposée à ces substances dévastatrices.

 

Ce cas précis, bien qu'ironique dans ses rebondissements, souligne l’urgence d’un renforcement des mesures judiciaires. Pour que la lutte contre le trafic de drogue ne se transforme pas en une vaste comédie judiciaire, il est impératif que les responsables assument leurs rôles avec la même rigueur que les gendarmes sur le terrain. Mais tant que les trafiquants pourront compter sur une justice qui, à certaines heures, semble plutôt se reposer sur ses lauriers, le Gabon restera un terrain de jeu pour ces réseaux toujours plus audacieux.

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