C’est une décision de justice qui conforte le combat de la société civile gabonaise dans la défense des intérêts des populations contre la multinationale Perenco. La Cour d’Appel de Port-Gentil a, dans un arrêt rendu le mardi 26 avril dernier, reconnu la qualité à agir du Réseau des Organisations libres pour la bonne gouvernance( ROLBG) dans son action en justice contre la multinationale pétrolière.
D’après le communiqué du cabinet Kalmie (avocat du ROLBG), cette reconnaissance est symbolique pour la société civile car elle intervient au moment où les activités de pollution de Perenco Gabon sont de plus en plus importantes malgré les procédures engagées contre elle.
Une mauvaise nouvelle pour Perenco. D’autant que les chefs d’inculpation contre la multinationale Franco-britannique sont lourds ; violation de la loi relative à la protection de l’environnement en République gabonaise, pollution et dégradation des rivières, lagunes et mer par les hydrocarbures, pollution et dégradation des mangroves, des écosystème maritimes et terrestres, pollution et dégradation de la flore et des ressources halieutique.
Lors des premières confrontations devant le procureur, les plaignants avaient présenté un dossier assez accablant contre la multinationale (images, vidéos, témoignages des populations, rapports des missions d’inspection) alors que Perenco, représentée à l'époque par un de ses directeurs généraux, M. Awauret, n’avait cessé de faire dans la diversion et le dilatoire. Une ligne de défense qui n’a rien d’étonnant. La société que dirige Baptiste Breton au Gabon brille par un mépris déconcertant à l’endroit des populations. En début du mois de juillet 2021, Pérenco n’avait pas hésité à avoir recours aux forces de défense et de sécurité pour faire déguerpir les populations de Port-Gentil qui manifestaient devant son siège afin d’exiger d’elle des actions de réparation suite aux actes de pollution.
Perenco est coutumière des faits
En octobre 2019, le journal Le Monde publiait une investigation sur les actes de pollution et les préjudices écologiques de la multinationale à Muanda, ville côtière de la province du Kongo Central (RDC). Au point que les ONG Sherpa et Amis de la Terre portaient plainte contre la société pétrolière. Ce sachant dans le viseur de la justice dans plusieurs pays dans lesquels elle est implantée, la multinationale a mis en place un ensemble de mécanismes opaques pour ne pas établir de liens directs entre les agissements de ces filiales et la société mère.
Ce fut tout le sens du rapport de l’Observatoire des multinationales. Lequel relevait à cet effet : « Si l’on ne connaît pas le lien formel ou la nature des flux financiers entre la société mère Perenco et ses filiales, impossible de mettre en cause sa responsabilité pour des atteintes aux droits humains ou à l’environnement, et impossible de savoir comment l’entreprise s’acquitte de ses obligations fiscales, ni où vont ses profits». Des mécanismes opaques qui fait dire à l’Observatoire que partout où Perenco s’implante, les controverses ne tardent pas à suivre.
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