Le Parti Démocratique Gabonais (PDG) tient ce jeudi un congrès extraordinaire annoncé comme une étape "historique". Historique ? Peut-être, mais pas dans le sens glorieux du terme. Pour beaucoup, ce rassemblement s’apparente plutôt à la réunion d’un comité de crise, ou pire, à un dernier hommage à un parti qui fut jadis l’incarnation même du pouvoir, mais qui aujourd’hui peine à exister.
Un congrès sous le signe de la "sobriété"
Sobriété, le mot est lâché. Une manière élégante de dire que les caisses sont vides et que les militants sont rares. Adieu les grandes mobilisations d’autrefois, les chants et danses qui marquaient les congrès d’antan. Désormais, une journée suffira pour "restructurer, moderniser et repositionner" le PDG, selon la Secrétaire générale, Angélique Ngoma. Une sobriété imposée non seulement par les réalités économiques, mais aussi par le désintérêt croissant des Gabonais pour un parti qui semble avoir perdu sa boussole.
Du géant au naufragé : la chute d’un empire politique
Le PDG, autrefois maître incontesté de l’échiquier politique gabonais, est aujourd’hui une formation politique en quête de survie. Depuis le séisme politique du 30 août 2023, le parti a connu démissions, désaveux et critiques. Et que dire de sa base militante ? Désabusée, démobilisée, voire méfiante envers une direction provisoire qui tente de colmater les brèches d’un navire en perdition.
Face à cette situation, le discours officiel se veut rassurant. Le PDG ne serait pas à l’agonie, mais en pleine transformation. Transformation ou lente agonie ? La nuance est subtile. Car si le congrès ambitionne de "moderniser" le parti, on peine à voir comment un géant aussi rouillé peut s’adapter aux réalités d’un Gabon post-référendum.
Le choix de l’abstention : une stratégie ou un aveu d’échec ?
Fait inédit, le PDG n’investira aucun candidat à la prochaine présidentielle. La raison ? "Le soutien au CTRI et à son chef, le général Brice Clotaire Oligui Nguema". Un soutien louable, mais qui sonne comme une excuse commode pour masquer l’incapacité à présenter une figure crédible. Le PDG, qui autrefois façonnait les présidents, avoue à demi-mot qu’il n’a plus personne à proposer.
Et si l’on gratte un peu, cette posture "stratégique" ressemble davantage à une tentative d’éviter un désastre électoral. Car il faut bien l’admettre, le PDG, tel qu’il est aujourd’hui, n’a plus les moyens de se mesurer à la concurrence.
Un congrès pour sauver les meubles
Les enjeux de ce congrès sont pourtant importants. Il s’agit de solder les comptes d’une période transitoire et de redonner une direction à un parti en manque de repères. Mais soyons réalistes : peut-on redresser un arbre mort ? Même les plus fervents militants peinent à croire que le PDG puisse retrouver son lustre d’antan.
Ce qui se joue réellement, c’est une tentative de maintenir une existence symbolique. À défaut d’être un acteur de premier plan, le PDG espère devenir une force d’appoint, un allié stratégique dans un paysage politique en recomposition.
La dernière danse d’un dinosaure ?
Le PDG est-il encore capable de se réinventer ? Rien n’est moins sûr. Ses dirigeants parlent de modernisation, mais les Gabonais ne sont pas dupes. Derrière les beaux discours, c’est surtout un parti fatigué, dépassé par les dynamiques sociales et politiques du pays.
En fin de compte, ce congrès extraordinaire pourrait bien être la dernière danse d’un dinosaure politique qui, s’il refuse de disparaître, devra accepter de vivre dans l’ombre des nouveaux maîtres du jeu. Alors, miracle ou mascarade ? Les Gabonais attendent de voir… mais sans trop y croire.
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