Hervé Patrick Opiangah.
Dans le grand théâtre politico-judiciaire gabonais, on pensait avoir atteint le sommet du grotesque avec les procès des Bongo. Mais voilà que l’affaire Hervé Patrick Opiangah débarque pour rappeler que l’absurde, au Gabon, n’a pas de plafond : il repousse sans cesse son propre record.
Le 14 novembre 2025, ses avocats se sont pointés en conférence de presse, l’air grave, mais visiblement amusés par l’ampleur du désastre. Dûment autorisés par le bâtonnier parce qu’ici, même pour dire que tout brûle, il faut remplir le formulaire ils sont venus raconter comment une enquête préliminaire a réussi à violer à peu près tout… sauf la victime, qui, elle, jure qu’il ne s’est rien passé.
Une affaire vieille de 20 ans… exhumée comme un vieux cadavre politique
Les accusations ? Inceste et viol sur mineur. Le problème ? Elles auraient eu lieu il y a plus de 20 ans. La victime ? Elle nie, répète, martèle, psalmodie qu’il n’y a jamais eu de viol. « Toujours, toujours, toujours », insiste maître Paulette Oyane-Ondo, comme si elle récitait un code secret destiné à réveiller la raison endormie des institutions.
Pendant ce temps, la plaignante devenue adulte, diplômée, mère de famille, citoyenne complète est soudain replongée dans une affaire qu’elle n’a jamais reconnue. On dirait un mauvais reboot d’une série judiciaire ratée. Et l’argument de la défense frappe juste : aucune mère ne garde sous le coude un viol supposé pendant vingt ans comme un vieux document administratif oublié dans un tiroir. Sauf si l’affaire n’a rien à voir avec une quête de justice, mais tout avec une petite cuisine politico-familiale mijotée en coulisses.
La perquisition : un chef-d’œuvre de n’importe quoi
Mais le chef-d’œuvre, le Graal du ridicule, reste la perquisition du 20 novembre 2024. Là, les autorités semblent avoir décidé de tester les limites de l’illégalité, juste pour voir si ça passait. Pas de mandat. Pas de consentement. Pas de scellés, pas de procès-verbal. Mais beaucoup de bijoux, de devises et surtout 900 millions de FCFA de montres de luxe embarquées comme des beignets au marché Mont-Bouët.
On ne sait pas si les enquêteurs cherchaient une preuve ou s’ils faisaient simplement leurs courses de Noël en avance. Et la question cruciale tombe, ironique, légitime, acide : Quel rapport entre une Rolex et un viol ? À moins que les montres n’aient assisté à la scène… en 4K, mode chronomètre. Même le juge d’instruction pourtant habitué aux dossiers bringuebalants a dû constater que les objets saisis n’ont jamais été présentés devant lui. Un peu comme les preuves imaginaires que brandissent certains politiciens lors des campagnes électorales.
Une procédure qui ressemble à un montage politique mal ficelé
Les avocats parlent de « dysfonctionnements graves ». Le terme est poli. Le mot juste serait plutôt buffonnerie organisée, ou procédure freestyle, ou encore la loi version interprétation libre, façon artiste contemporain.
Ce dossier semble avoir été géré comme si quelqu’un avait voulu créer un scandale d’État, mais sans prendre la peine d’apprendre les bases du Code de procédure pénale. Résultat : un montage politique tellement mal cousu qu’il s’effiloche sous les yeux du public. Et au milieu de tout ça, Opiangah devient le nouveau punching-ball indispensable pour occuper la scène, histoire de détourner les regards des vraies casseroles nationales.
Pendant que la justice cherche ses scellés, ses preuves, ses procédures, et peut-être même son intégrité, le tribunal de l’opinion, lui, avance à toute vitesse. Pas besoin de procès-verbal : un statut Facebook suffit, pas besoin de juge : un influenceur certifié fait l’affaire. Pas besoin de vérité : l’indignation prête-à-poster est livrée en 10 secondes.
Les avocats tentent de rappeler que le droit existe encore quelque part, sous une pile de dossiers poussiéreux. Mais dans un pays où les institutions tanguent comme une pirogue sous l’orage, leur voix ressemble à une tentative désespérée de redresser une table bancale… en soufflant dessus.
À force de tordre la loi, elle finit par vous claquer entre les doigts
Au final, cette affaire, plus politique que judiciaire, révèle encore une fois cette vérité crue : Quand la justice veut faire plaisir au climat politique, elle se transforme en machine à fabriquer des scandales bricolés. Et à ce rythme, il faudra bientôt instaurer un nouveau principe : “Nul n’est censé ignorer la loi… surtout ceux qui la violent en prétendant l’appliquer.”
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