Il faudra bien un jour que l’on ait le courage de se regarder en face et que l’on puisse s’interroger sur le sens que l’on donne à notre justice. La justice gabonaise serait-elle devenue un instrument de règlement de comptes politiques ? Comment expliquer que dans le dossier des malversations financières à la Gabon Oil Company l’ancien Administrateur général, Patrichi Tanasa Mbadinga, croupisse tout seul en prison alors que plusieurs bénéficiaires de l’argent sorti des caisses de la GOC sont en liberté ? Pire, comment comprendre que dans ce dossier des magistrats ont volontairement refusé d’appeler à la barre des personnes citées par l’accusé comme ayant perçu cet argent ?
C’est le cas de l’actuel ministre des Pêches à l’époque des faits ministre du Pétrole. Pascal Houangni Ambouroué n’a jamais été convoqué par la justice alors que Patrichi Tanasa l’avait cité comme le bénéficiaire d’une somme de 100 millions de Fcfa sortie des caisses de la GOC. Pour faire la lumière sur cet aspect des malversations financières à la GOC, les avocats de la défense Me(s) Ange Kevin Nzigou et Calvin Job avaient pris l’initiative de faire convoquer à la barre l’ancien ministre du pétrole qui était la tutelle directe de la GOC. Mais des juges, pour des raisons toujours inconnues, avaient refusé de donner suite à cette demande de la défense.
Une attitude incompréhensive qui avait fait dire à la défense de Patrichi que dans ce dossier « la Cour n’avait aucune volonté de rechercher la vérité. Cette décision des magistrats épousait une cause qui n’honore ni l’Etat de droit, ni la justice », s’indignait Me Calvin Job. D’autant que le témoignage de l’ancien ministre du Pétrole, Houangni Ambouroue, aurait pu permettre de justifier les raisons du décaissement des 100 millions de Fcfa des caisses de la GOC.
Surtout que Patrichi Tanasa Mbadinga avait clairement indiqué que les 100 millions de Fcfa avaient été décaissés pour le financement de la Commission spéciale qui planchait sur les risques de pénurie des produits pétroliers. « Cette somme avait été remise au ministre Houangni Ambouroue et à l’ancien directeur général des Hydrocarbures (devenu ministre du Pétrole) Vincent de Paul Massasa », rajoutent les avocats. Avant de poursuivre que la comparution de ces deux personnes aurait concouru à la manifestation de la vérité dans ce dossier. Rient de tout cela n’a été fait.
L’objectif était donc de condamner cet ancien soutien de Brice Laccruche Aliangha à une peine de prison lourde. Patrichi Tanasa a finalement écopé d’une peine de 12 ans de prison et de 76 millions de Fcfa d’amende.
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