Joyce Laffite est le Secrétaire Exécutif Adjoint à l'information, à la communication Porte parole du Rassemblement pour la Partie et la modernité (RPM). Dans cette interview, ce cadre de ce parti politique de l’opposition revient sur les déceptions de la concertation politique et l’impasse dans laquelle le Gabon est désormais plongé. Lecture.
La concertation politique à laquelle votre parti politique s'est retiré vient de prendre fin, pensez-vous que les conclusions issues de ce banquet permettront d’avoir des élections transparentes et apaisées ?
Lors de sa déclaration de presse, le Président du RPM, le Patriote Alexandre Barro Chambier avait déjà clairement déclaré que le RPM n'attendait aucune avancée de cette concertation. Nous pouvons le dire avec certitude et force: c’est un non-évènement pour le peuple gabonais. Et nous avons eu raison de nous retirer de ce processus qui nous a paru plombé d'avance.
Les conditions, le format, la composition des partis politiques… tout était fait pour favoriser le pouvoir et son opposition mais certainement pas la véritable opposition. Le Mémorandum proposé par certains partis politiques de l’opposition dont le RPM n’a pas été pris en compte par Ali Bongo Ondimba et pourtant après l’avoir déposé à la Cour constitutionnelle et au ministère de l’Intérieur au mois de mai 2022, il était question d'œuvrer pour renforcer la transparence électorale afin d'aboutir à un processus final apaisé.
Nous sommes loin du compte avec des résolutions attentatoires aux rares avancées démocratiques tenues d'ailleurs suite à des négociations politiques (scrutin à deux tours ramené à un, non-limitation du nombre des mandats, nomination des sénateurs par le président, y compris ceux de l'opposition etc). C’est une concertation qui aboutit en fait à un véritable recul démocratique. Du reste, le coup de comunication est réussi et les pisse-copies s’en donnent à coeur joie sur les réseaux sociaux.
Dans ce contexte de recul démocratique, il faut s’attendre à quoi ?
Les signaux donnés par le pouvoir en place sont plus qu'inquiétant et s'apparentent à de la provocation. Déjà en excluant la société civile, en constituant arbitrairement le CGE ( Centre gabonais des élections) et en biaisant sur les questions de transparence électorale, le pouvoir indique qu'il entend rééditer le casse électoral de 2016 qui a failli faire basculer le pays dans le feu et le sang. La paix tant chantée par le pouvoir et ses partisans n’est qu’une flagornerie. N'oublions jamais que le chaos s'installe quand le haut ne veut pas et quand le bas n'en peut plus. Les gabonais ont à plusieurs reprises clairement exprimé leur rejet de ce pouvoir. Ils n'en peuvent plus, mais le PDG et ses affidés ne veulent pas. C’est au peuple de prendre à son tour ses responsabilités. Attendons de voir ce qui va se passer !
Votre mot de fin
Aujourd’hui le statut de l’opposition s’est écrit de lui-même. Les gabonais connaissent désormais l’opposition du pouvoir et l’opposition au pouvoir. Le pouvoir quant à lui n’a pas été franc envers le peuple préférant la manipulation de l’opinion et se donner bonne presse sur le plan international.
Pour la véritable opposition, ce n’est pas faute d’avoir essayé mais ne rêvons plus. Gabonaises, Gabonais, jeunes et femmes, chers parents que chacun prenne ses responsabilités devant l’histoire. Que ce message aille aussi loin que possible, mobilisez-vous, enrôlez-vous , faites tout ce qui sera nécessaire pour voter et sécuriser la victoire non pas celle d’un homme ou d’un parti politique mais votre victoire, pour la libération du Gabon.
Encore une fois, tous unis, nous pouvons le faire et nous sommes davantage plus nombreux et plus déterminés à vouloir accéder à l’alternance et au changement démocratique.
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