Créée en 2016 dans la typologie des médias d'informations en continu, la chaîne de télévision jadis vitrine du paysage médiatique gabonais, logée au palais présidentiel s'est largement dévoyée de son objectif au fil des ans. Celui de montrer le Gabon, l'Afrique et le Monde autrement, loin des images habituelles peu honorables, servies au quotidien par les autres médias.
Chaîne d'information en continu, chaîne généraliste d'État, média de la communication présidentielle, difficile de situer Gabon 24 aujourd'hui, tant le statut hybride de l'entreprise, ne permet pas d'y voir clair. Pas plus claire que la vacuité du compte d'une entreprise pourtant logée au palais. Mais qui ne parvient à payer les salaires de ses employés qu'au moyen de nombreux tours d'acrobaties chaque fin de mois. Ce qui interroge sur la destination prise par la subvention de la chaîne dans la ligne budgétaire de la communication présidentielle. Une interrogation à laquelle seuls la directrice générale, Laure Bigourd et l'ex-tout puissant président du conseil d'administration, Jessye Ella Ekogha pourront répondre. Sans plan de carrière, sans cotisations à la CNSS, sans avantages sociaux, le personnel de Gabon 24 ne vit que l'instant présent, face à un avenir sombre, avec des salaires forfaitaires.
Direction de l'information, symbole du déclin
Conséquence, la chaîne décline jour après jour. De la direction générale à celle de l'information, le déclin entamé depuis l'arrivée en 2018 de cette équipe inexpérimentée n'est pas prêt de s'arrêter.
Illustration de cet amateurisme, l'absence d'une grille de salaires établie. Tout comme l'absence d'une convention d'entreprise, comme c'est le cas ailleurs. Investie de pleins pouvoirs par la directrice générale, c'est la directrice de l'information, Laéticia Ngalibika, qui fixe à la tête du client, les salaires des journalistes. Du jamais-vu nulle part. Pire, cette dernière, qui ignore manifestement son travail, a relégué au second plan le rôle des rédacteurs en chef, qu'elle a placés sous la responsabilité du secrétaire de rédaction. Ceci au mépris de l'organigramme d'une rédaction normale.
Mieux, la directrice de l'information qui n'est guidée que par l'émotion et l'agitation, en lieu et place du professionnalisme a mis toute la rédaction sous sa botte. Ayant le premier et le dernier mot, omniprésente et omnisciente, se substituant aux rédacteurs en chef, c'est elle conçoit, sans discussion préalable en conférence de rédaction, des sujets qu'elle impose aux journalistes, des sujets conçus souvent sans maîtrise de leurs implications. Mue par son émotion trop grande, elle n'hésite pas à crier sur ses collaborateurs dont certains sont ses aînés en âge. Les altercations avec certains agents sont si nombreuses qu'elles ne se comptent pas. Des agents à qui elle n'adresse plus la parole, ne parlant avec eux que par l'intermédiaire d'autres personnes. Que dire des présentateurs des journaux, toujours stressés avec des modifications intempestives de leurs conducteurs à 5 ou 2 minutes du journal. Ou encore des heures habituelles des journaux qui n'ont plus de sacralité, car souvent bouleversées pour des informations minimes.
Des modifications opérées sous le regard permissif du directeur d'antenne qui lui semble totalement acquis. Malgré le discours novateur du président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, lors de sa rencontre avec la presse, la direction de l'information de Gabon 24, peut-être en quête d'un parachutage à la direction générale a choisi de poursuivre la dithyrambie en passant en boucles toutes les informations, même dépassées des nouvelles autorités. Tout cela avec une autocensure tellement grave qu'elle refuse l'idée même de l'équilibre de l'information si sacré en journalisme.
À l'évidence, les reportages louangeurs sans discontinuité, la saturation de l'écran, pratiques héritées du système Bongo PDG ne sont pas prêtes de changer à Gabon 24, malgré l'esprit d'un vent nouveau inspiré par la transition.
À charge pour Telesphore Obame Ngomo, le nouveau PCA de la chaîne, de changer pour redonner à Gabon 24 son attrait d'antan ou de poursuivre dans la même logique du déclin amorcé sous l'ancien régime.
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