Par Marthe Prisca
Alors que le Gabon s’apprête à organiser des élections anticipées, une problématique majeure vient assombrir cette étape primordiale de la vie démocratique : l’état de délabrement des infrastructures routières. Ce défi logistique constitue une entrave sérieuse à la participation électorale, particulièrement pour les citoyens résidant en ville en raison de l’exode rural et devant rallier leurs villages d’origine pour voter.
Ces électeurs, souvent éloignés de leurs localités natales, sont contraints d’affronter des trajets éprouvants pour exercer leur droit de vote. La situation est d’autant plus préoccupante que plusieurs axes routiers essentiels, notamment dans les régions rurales, sont dans un état de dégradation avancée.
L’état désastreux des principales routes nationales transforme chaque déplacement en une véritable épreuve. Parmi les itinéraires les plus affectés, on retrouve :
Mbigou-Malinga, marqué par des ravins, des chaussées défoncées et des bourbiers infranchissables ;
Lebamba-Mbigou, où voyager exige une endurance physique et mentale face à l’état des voies ;
Mbigou-Mimongo, où les pluies transforment le trajet en un défi insurmontable ;
Mimongo-Koulamoutou, dont la dégradation accentue l’isolement des localités voisines ;
Koulamoutou-Pana et Pana-Dienga, où les usagers doivent affronter des trous béants et des chaussées affaissées.
Ces routes, censées désenclaver les régions et relier les citoyens à leurs lieux de vote, deviennent de véritables obstacles. En saison pluvieuse, les conditions se détériorent encore davantage, compromettant l’accès aux bureaux de vote pour des milliers d’électeurs.
À cette problématique logistique s’ajoute celle de l’exode rural, qui a poussé de nombreux Gabonais à s’installer en ville. Inscrits sur les listes électorales de leurs villages d’origine, ils se trouvent aujourd’hui confrontés à la difficulté, sinon l’impossibilité, de s’y rendre. Les coûts financiers, déjà élevés, sont aggravés par les risques liés à l’état des routes, ce qui pourrait décourager bon nombre d’entre eux.
Dans ces conditions, l’exercice du droit de vote, pourtant fondamental, devient un véritable parcours du combattant. Le mois d’avril, connu pour ses fortes précipitations, amplifie les défis logistiques, rendant la participation électorale encore plus difficile.
Pour pallier ces insuffisances, des mesures concrètes doivent être mises en œuvre :
. La réhabilitation temporaire des axes prioritaires, tels que Mbigou-Malinga et Mimongo-Koulamoutou, afin de réduire les risques d’accidents et de garantir un accès minimal aux villages ;
. déplacement des électeurs résidant en ville ;
. Une communication renforcée, visant à informer les populations des dispositifs mis en place pour encourager leur participation au scrutin.
Au-delà de l’urgence, il est impératif de repenser la politique nationale en matière d’infrastructures routières. Ces axes, bien plus que de simples voies de communication, symbolisent l’unité nationale et la cohésion sociale.
À l’aube de ces élections anticipées, l’État gabonais doit s’engager à garantir que chaque citoyen puisse exercer son droit de vote dans des conditions dignes et sûres. Les routes qui mènent à Malinga, Mimongo, Koulamoutou ou Dienga doivent cesser d’être des pièges mortels pour devenir des ponts vers une démocratie plus inclusive.
Ces élections représentent une opportunité pour les autorités de transformer ces défis en catalyseurs de progrès. Elles doivent prouver que la voix de chaque Gabonais compte, indépendamment de son lieu de résidence, et que la démocratie est portée par des actions concrètes en faveur de tous.
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