Les Pédégistes crient à la fraude.
Le Parti démocratique gabonais (PDG) vient de découvrir qu’il existe des mots comme « transparence », « intégrité » et « équité » dans le dictionnaire électoral gabonais. À travers la voix de sa secrétaire générale, Angélique Ngoma, l’ex-parti-État a exigé ce jeudi des garanties claires avant le second tour des législatives du 11 octobre prochain : contrôle des procurations, membres impartiaux dans les commissions électorales, libre accès des délégués dans les bureaux de vote, sanctions contre les fraudeurs… Bref, un manuel complet du parfait démocrate.
Mais dans ce pays où la mémoire politique est tenace, difficile de ne pas éclater de rire devant ce soudain accès de vertu. Car le PDG, c’est d’abord 56 ans d’un règne où la fraude électorale fut élevée au rang d’art national : procurations distribuées comme des bonbons, urnes bourrées comme des sacs de manioc, procès-verbaux préremplis à la lueur des lampes-tempête. L’opposition de l’époque criait au scandale, et le PDG répondait avec le sourire : « circulez, il n’y a rien à voir ».
Aujourd’hui, les rôles se sont inversés. Les héritiers de cette longue tradition de tripatouillage électoral se posent en victimes. Ironie cruelle : le parti qui a enfanté le « bébé fraude » durant les ères Omar Bongo Ondimba puis Ali Bongo Ondimba, verse maintenant des larmes de crocodile parce que ce même bébé devenu adolescent indiscipliné se retourne contre lui.
Le peuple, lui, observe amuser cette conversion tardive. Car il est difficile d’être pris au sérieux quand on crie à l’injustice dans un système que l’on a soi-même fabriqué. C’est un peu comme un pyromane qui demande aux pompiers d’éteindre l’incendie qu’il a allumé hier.
Au premier tour du 27 septembre, le PDG n’a récolté que 14 sièges, un véritable camouflet pour l’ancien colosse politique, autrefois tout-puissant. Mais au lieu de s’interroger sur son impopularité, il préfère pointer du doigt les « irrégularités » qu’il a lui-même normalisées pendant des décennies. Comme dit le proverbe africain : « Celui qui a semé des épines ne doit pas marcher pieds nus. »
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